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À la découverte de MOGIN

Montez le son.

Par
Héloïse Crémoux
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De son prénom Clément, Mogin s’est expatrié à Montréal depuis quelques années, comme beaucoup de ses compatriotes. Il a décidé de concrétiser sa passion pour le rap et la musique en général dans son EP, « ACMÉ ». Avec lui, on a parlé création, écriture, et même expatriation pour en savoir plus sur son univers. Si vous ne le connaissez pas encore, c’est normal : vous êtes au bon endroit.

Qui es-tu, Mogin ?

Je suis rappeur, et je produis un peu aussi. Mais l’écriture, c’est mon domaine de prédilection ! Ça fait 10 ans que je rappe, c’est à Lille que j’ai commencé. J’ai pu faire des open mic, écrire, mais juste pour le fun au départ. Et puis je me suis installé au Québec, et j’ai eu la chance, en travaillant dans le milieu culturel à Montréal, de rencontrer des gens dans le milieu de la musique : j’ai pu faire des sessions d’écriture, rencontrer des artistes et en apprendre plus sur le monde de la musique professionnelle. Les Montréalais écoutent beaucoup de rap français mais il y a aussi une grosse scène québécoise, qui diffère dans la langue (ils utilisent beaucoup le « franglais »), et dans l’écriture. Ça a changé ma manière d’écrire. C’est là que je suis rentré dans le label FREE99. Ça a tout de suite « clické » avec eux.

Comment s’est construit ton projet d’EP ?

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Il y a 2 ans, j’ai décidé de me prendre en main et de développer un univers autour de mes textes et de mes sons. Je ne savais pas si j’avais vraiment envie de me mettre en avant, c’est pour ça que mes covers sont toujours des illustrations. Je travaille beaucoup avec des illustrateurs 3D qui ont des univers très futuristes.

Finalement, je me suis lancé en 2019 avec un morceau qui s’appelle « L’aube ». Ensuite, j’ai travaillé sur quelques singles en collaborant avec des producteurs montréalais. J’ai aussi pu faire quelques concerts à Montréal, en scènes extérieures. Je voulais acquérir de l’expérience sans faire uniquement de la musique. Ce n’est pas mon but final.

Pendant la pandémie, j’ai commencé à travailler dans ma chambre, à faire des mix de voix. ACMÉ est né comme ça. J’ai pu être à la réalisation sur le choix des prods, sur l’écriture, l’enregistrement, le mix, le choix des illustrations. J’ai travaillé avec un illustrateur de Belgrade.

Pourquoi avoir choisi le rap comme style musical ?

Pour la culture autour du rap. Le rap a une histoire à laquelle je me suis toujours intéressé, que ce soit dans la manière de s’habiller, dans les films, dans les sons que j’écoutais quand j’étais plus jeune. Dans l’écriture aussi, j’ai été formé à un moment où le rap était moins mélodique, où le texte était encore plus important pour transmettre une certaine émotion.

Qui sont les artistes qui t’ont le plus inspiré ?

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J’ai commencé d’abord par écouter Booba, Lunatic, Mystère Amer, Joke Ateyaba. Côté américain, il y a Asap Rocky, à l’époque où lui et Kendrick Lamar ont percé. J’ai écouté le rap d’une manière différente grâce à eux.

Est-ce que Montréal a changé ta vision des choses ?

Il y a une scène culturelle et musicale très cosmopolite à Montréal, qui est une sorte de petit village. C’est très facile d’y aborder des gens très connus, de les voir, de chiller avec eux, d’avoir des discussions. Ils ne se prennent pas la tête. Montréal m’a appris à construire une nouvelle manière d’écrire, d’écouter des choses différentes, un nouveau slang, même si j’essaye de ne pas trop le faire, parce que ce n’est pas ma culture au départ. La distance avec ma famille et mes amis en France fait que ça forge aussi. Ce sont des thèmes qui reviennent régulièrement dans mon écriture.

Montréal m’a aussi apporté une grande proximité avec les Etats-Unis, puisque les rappeurs américains viennent souvent s’entraîner à Montréal avant de faire leur tournée en Europe, donc c’est un avantage. Il y aussi une grosse culture urbaine, street-art à Montréal, et c’est très inspirant.

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Est-ce qu’il y a un titre qui te tient plus à cœur qu’un autre ?

J’ai particulièrement apprécié faire le titre intitulé « La nuit » J’avais beaucoup fumé, donc ma prononciation et les gimmick étaient différents (rires). La mélodie aussi est différente de ce que j’ai d’habitude de faire. C’était une belle expérience ! Le BPM est assez lent, et le flow aussi, ce qui est nouveau pour moi. J’ai appris à faire respirer les rimes.

« Acmé », je l’ai aussi écrit pendant un moment difficile mentalement : c’était l’hiver à Montréal avec peu de lumière, et en contexte de pandémie… Bref, c’était dur.

Sinon « Solo » m’a marqué : elle a été écrite pendant le couvre-feu à 20h. J’ai pété un câble, je n’en pouvais plus d’être enfermé, donc je suis allé me balader pendant la nuit. C’était drôle de marcher dans la ville à ce moment-là. Avoir le sentiment d’être tout seul, c’était très étrange . C’est pour ça que je dis « la tête est pleine mais les rues sont vides ».

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Comment aimerais-tu développer ton projet par la suite ?

J’ai des concerts prévus à Montréal cet été. Je n’ai pas encore de dates parce qu’il faut voir au niveau sanitaire. Mais petit à petit, ça va se développer. J’ai du mal à me mettre en avant sur les réseaux sociaux, c’est pour ça que je n’ai jamais mis mon visage pour les covers ! J’ai encore énormément de choses à apprendre pour me “vendre”, c’est pour ça que je me fais aider.

Bref, je veux continuer à enregistrer des morceaux, faire un vidéoclip qui me ressemble et puis rester en freestyle.