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Il y a des rencontres comme ça qui vous redonnent le sourire et l’espoir dans ces moments éprouvants . À l’occasion de la sortie de son nouveau single et de son clip rafraîchissant Lundi matin, on s’est entretenu avec la pétillante artiste trans de l’Île de la Réunion, Louïz. Pour vous donner un aperçu de son état d’esprit optimiste, voici le message qu’elle a voulu nous partager d’emblée : « Un petit brin de pensée positive pour dire aux gens de toujours croire en eux, d’oser et de se détacher du regard des autres. À partir du moment où on apprend à s’aimer soi-même, on ne laisse plus vraiment de choix aux autres que de nous aimer tel.le qu’on est. » Si vous ne la connaissez pas encore, c’est normal : vous êtes au bon endroit.
Tu es une figure montante de la transidentité à l’île de La Réunion. Pour celles et ceux qui ne te connaissent pas encore, peux-tu nous raconter brièvement qui tu es et ce que tu fais ?
Au quotidien, je suis administratrice de production à La Cité des Arts à l’île de La Réunion. Je coordonne un projet de la Philharmonie de Paris destiné aux enfants issus de quartiers populaires. Ça s’appelle « Démos », et l’idée c’est de construire un orchestre avec 105 enfants qui, en temps normal, n’auraient jamais touché à un instrument de leur vie. En parallèle à ça, je suis artiste-auteure-interprète, chorégraphe également. J’ai assuré la direction artistique de beaucoup de spectacles ici à La Réunion, surtout des spectacles de comédies musicales.
Peux-tu nous parler de tes débuts dans la musique ?
Je suis chorégraphe-danseuse depuis plusieurs années maintenant. En 2016, j’avais monté une comédie musicale et pour la première fois, je jouais un rôle où j’étais danseuse, comédienne mais également chanteuse. C’était la première fois où je m’exprimais autrement qu’avec mon corps. J’avais déjà écrit mais je n’avais jamais poussé la chansonnette à proprement dit. J’avais un peu peur de la réaction des gens et qu’ils se disent : « En fait, elle devrait continuer à danser (rires) ! » Et finalement, j’ai eu d’excellents retours, la comédie musicale a même été primée dans une cérémonie qui s’appelle « Les voix de l’Océan Indien ». Beaucoup de gens m’ont alors conseillé de me lancer dans un projet musical. Ça a fait son bout de chemin dans ma tête mais je ne voulais pas chanter juste pour chanter. Il devait y avoir un vrai message derrière, un vrai propos artistique. C’est pour ça que j’ai décidé de partir vers un vrai engagement envers la communauté LGBTQIA+.
Ton dernier clip « Lundi matin » est une satire du monde post-Covid. Peux-tu nous en parler un peu plus ?
Comme beaucoup d’artistes, j’ai subi de plein fouet la crise du coronavirus. Aujourd’hui, ce qui est le plus triste dans cette histoire, c’est qu’à mon sens, il y a énormément d’incohérences dans les décisions qui sont prises. C’est vrai qu’à La Réunion, on est un peu moins touchés. Mais ça fait des mois qu’on a des liaisons aériennes entre la métropole et La Réunion, ou autres, avec des avions qui sont chargés à bloc où les gens sont assis les uns à côté des autres pendant 10h. À côté de ça, en métropole, on nous dit qu’on ne peut pas rouvrir les cinémas, les salles de spectacle. Du coup, je ne comprends pas trop cette logique, et c’était ça que j’avais envie de montrer dans ce clip. Les Français sont très attachés au spectacle, au concert, à la musique, et je pense que ça crée un gros manque. Avec cette situation oppressante d’enfermement, de couvre-feux, de confinements, ils auraient besoin de tout ça pour respirer un peu et se sentir vivre.
Mais je suis de nature optimiste et très positive. C’est pour ça que le clip, il n’est pas sombre, et on a voulu faire une fin avec un vrai esprit de liberté. Maintenant voilà, j’ose espérer que les choses vont s’arranger. Je ne perds par espoir, on va trouver une issue, j’espère en tout cas !
Mais ton clip c’est aussi une ode à toutes les diversités...
Oui. Forcément moi, en tant que femme trans, j’ai vraiment à cœur de visibiliser la communauté LGBTQIA+. Et c’est pour ça que dans ce clip, j’ai fait appel à plusieurs danseurs, figurants, artistes de cette communauté-là. Je pense que l’intolérance des gens vient de la méconnaissance. Quand quelque chose s’inscrit dans notre quotidien, cela devient moins effrayant, il y a un tabou qui tombe. Même si les droits pour la communauté homosexuelle ont un peu évolué, je trouve qu’il manque encore beaucoup de droits pour la communauté trans. Mais j’avais envie de montrer toute la communauté avec des personnages queer aussi. Il y a beaucoup de gens avec une singularité qui ont besoin de s’identifier et de se retrouver dans ce message. Des personnes en situation de handicap ou en surpoids me disent : « C’est génial parce que ton parcours me donne envie de me surpasser, d’avancer, de dépasser mon handicap et de m’assumer pleinement ». C’est pour cela que j’ai eu envie de montrer des personnalités fortes avec un parcours aussi très fort, afin d’apporter des repères, de montrer que ce sont des personnes comme tout le monde.
Quelle musique t’inspire pour écrire tes chansons ?
J’aime beaucoup l’univers de Clara Luciani, Christine and the Queens aussi. J’aime beaucoup la pop, la variété française, l’électro, la musique locale. Musicalement, je me nourris de beaucoup de choses. J’aime beaucoup écrire aussi, on m’a souvent dit dans mes chansons qu’il y avait trop de mots (rires). Quand on a écrit Lundi matin avec Olkan Elijah, on a voulu apporter ce côté très léger au travers de la comptine que beaucoup de gens connaissent. Mais on a aussi voulu enrichir les couplets pour que ce ne soit pas « cucul la praline ». Les mots, pour moi, ont toujours une force et une consonance dans mes créations chorégraphiques. Ça a été naturel qu’ils aient cette même importance dans mes chansons.
Pour une collaboration rêvée, ce serait avec qui ?
J’aime beaucoup Vianney, son style musical et son écriture me plaisent beaucoup. Slimane aussi. Je dirais entre les deux (rires) !
Peux-tu nous parler de tes prochains projets ? As-tu un scoop à nous partager ?
On est en train de travailler avec la même équipe que sur Lundi matin, même compositeurs Toffi Lowbo et le même auteur Olkan, pour sortir quelque chose d’ici le début du second semestre. Et si les choses s’arrangent, je pourrai présenter ce nouveau projet lors du premier festival LGBT qui aura lieu à La Réunion en juin 2021. Peut-être que je serai aussi à la Pride de Genève, à suivre…