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A la découverte de KOMOREBI

Montez le son.

Par
Héloïse Crémoux
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A l’occasion de la sortie de leur clip Voorpret (chapitre 2 – l’attente), URBANIA est parti à la rencontre de Komorebi, un duo composé des talentueuses Claire et de Clara. L’une étant parolière et chanteuse, et l’autre dans la composition musicale, les deux Bisontines ont su unir leurs talents pour former un groupe archi complet aux accents pop électroniques, et aux textes poétiques qui se veulent un voyage à travers les émotions et les sentiments, avec, au bout du chemin, l’harmonie. Si vous ne les connaissez pas encore, c’est normal : vous êtes au bon endroit.

Qui êtes vous ?

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Claire : J’ai fait des études de graphisme et j’ai toujours fait de la musique à côté en autodidacte. J’avais monté un groupe avec mon frère il y a quelques années. J’écrivais les chansons, je jouais de la guitare et je chantais. J’ai tourné avec ce projet pendant 8 ans, et en grandissant j’ai voulu faire autre chose. J’ai eu envie de faire quelque chose de plus personnel, de plus ressenti. J’ai ensuite eu l’opportunité de créer un nouveau projet dans la ville dans laquelle j’habite, Besançon. Et ça a donné Komorebi.

Clara  : Avant Komorebi, je ne faisais pas de musique, à part pour moi, mais moins. Je travaillais dans l’humanitaire. Entre 2015 et 2016, je suis rentrée à Besançon, et j’y ai fait un stage de musique assistée par ordinateur (MAO). J’ai trouvé ça trop cool de pouvoir composer des morceaux de A à Z, toute seule sur mon ordinateur. J’ai commencé à faire de petits projets musicaux, notamment un pour une pièce de théâtre. C’est là que j’ai rencontré Claire. Elle m’a proposé de monter un groupe, et j’ai saisi l’opportunité. On a été en plus accompagnées dans le projet par La Rodia de Besançon (centre de musique qui propose des accompagnements pour les artistes).

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Comment s’est créé concrètement le projet de Komorebi ?

Clara : L’avantage était que Claire faisait de la musique depuis 10 ans, et qu’elle voulait se lancer dans un nouveau projet avec quelqu’un d’autre. Au départ, elle est plus parolière et chanteuse, et moi je suis plus dans la composition. Donc on se complétait bien. Pendant 3 mois, on s’est envoyées des propositions musicales, et au bout de ces 3 mois on s’est rendues compte que ça matchait parfaitement. L’autre avantage, c’est que dès le début, on a apporté une dimension conceptuelle au projet : ça ne tournait pas qu’autour de la musique, ça tournait aussi à travers la littérature, la poésie, le graphisme, la vidéo. C’est comme ça que le tout premier projet qu’on a monté, qui a duré 3 ans, était basé sur les mots intraduisibles : ce sont les mots qui n’ont pas de mots équivalent en français, il en faut plusieurs pour les traduire dans notre langue. On chantait en 3 langues sur scène : français, anglais et espagnol. Le premier qu’on a découvert, c’était Komorebi, qui veut dire « Les rayons du soleil qui filtrent à travers le feuillage des arbres » en japonais. On s’est dit qu’on allait faire un canevas de création à partir de ce concept pour notre musique.

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Fin 2019, on a créé un nouveau spectacle. On a gardé le concept des mots intraduisibles, mais ce n’est plus la colonne vertébrale de notre répertoire. Aujourd’hui, on se concentre plus sur les émotions, sur les ressentis. Ce que les mots intraduisibles complètent bien. Comme avec notre nouveau single, « Voorpret », qui désigne en néerlandais « le plaisir avant d’éprouver le plaisir ». Maintenant qu’on a appris à se connaître à travers le live, donc les concerts, on a décidé de traduire toutes nos chansons en français pour ce projet et de ne les chanter qu’en une seule langue. Il y a quelque chose de plus direct, de plus assumé, de plus tranché dans ce projet.

Comment avez-vous pensé le clip ainsi que la chanson « Voorpret » ?

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Clara : « Voorpret » fait partie d’un EP de 5 titres qu’on sort sous la forme de « chapitres », dont il est le chapitre 2. Le premier s’intitulait Nos yeux (chapitre 1 – l’attraction). Quand on a travaillé sur cet EP, on a décidé de ne pas continuer avec le fil rouge des mots intraduisibles, mais on voulait garder une narration. C’est donc un voyage à travers différents états qu’on peut traverser, sachant que notre propos depuis toujours, c’est une ode à la beauté, à l’amour, à la contemplation. Le but de cet EP, c’est qu’en traversant différents états à travers chaque chanson, on arrive à l’harmonie. On a décidé que les clips retransmettraient, montreraient ce message-là. On a créé un personnage qui représente ces émotions, qu’on retrouve dans chaque clip, et qui est notre alter ego.”Voorpret” représente l’attente, comme l’indique son sens littéraire. Ce clip montre donc une pièce plongée dans l’obscurité, avec ce personnage qui attend, qui se projette dans le moment où il va ensuite pouvoir ouvrir les volets et la fenêtre pour faire rentrer la lumière. Le but était de mettre en avant l’ennui, le fait d’attendre sans qu’il se passe quoi que ce soit.

Comment appréhendez-vous la sortie de votre clip ?

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Claire : On est excitées, parce que ça fait longtemps que ce travail est fini et qu’on attendait de le présenter. Il y a un énorme travail derrière, avec de nombreuses personnes, on est vraiment contentes de livrer cette pièce. On n’a aucun doute ni regret.

Clara : Avec cette période particulière, on a beaucoup changé notre manière de présenter nos morceaux : avant on ne faisait que de la scène, du live, et avec la situation, on se retrouve à communiquer notre musique uniquement sur Internet, via Youtube, les réseaux sociaux. Là où je suis contente de sortir le clip, c’est que c’est un travail artistique vraiment intéressant, réalisé avec pleins d’autres gens, dans lequel enfin on montre la musique. C’est très bizarre de n’avoir aucune interaction en vrai. On ne peut pas défendre ce morceau sur scène à sa sortie. On se dit qu’heureusement qu’on est deux et qu’on peut échanger, sinon cette période est assez pauvre. Donc c’est vraiment des sentiments partagés, entre l’excitation de sortir le clip et le morceau, mais aussi de se dire qu’une fois qu’on éteint nos écrans, tout ça n’existe plus, c’est un peu bizarre.

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Comment abordez-vous cette période de pandémie ?

Claire : La période est vraiment bizarre et ça commence à être long. Et justement, le message de « Voorpret » a pris une nouveau sens, c’est l’espoir de pouvoir sortir de chez nous et revenir à une vie comme avant. On veut tous ouvrir les fenêtres, sortir prendre un bain de soleil et juste être libres. En écrivant ce texte au dernier confinement et en le basculant en français, on a réalisé que ça avait donné cette dimension-là, rattachée à l’actualité. Et on ne se serait jamais imaginées qu’on serait encore dans cette situation un an après. A se demander, comme dans le morceau : « A quand la lueur ? A quand la chaleur ? ».

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Que peut-on vous souhaiter pour la suite ?

Clara : J’ai envie que les concerts reprennent, parce qu’on est intermittentes toutes les deux et on vit de notre musique. C’est parce qu’on a fait beaucoup de concerts pendant 3 ans qu’aujourd’hui on peut avoir un espace de création pour faire des clips, enregistrer des chansons, des EP. Là, la situation est quand même assez critique pour notre communauté. La grande question, ce n’est même plus de savoir si les festivals auront lieu et si les salles de concerts et de spectacles vont rouvrir, c’est : est-ce qu’on va pouvoir continuer de faire de la musique ? S’il ne reste que 10% des plus privilégiés dans la musique en France quand tout va reprendre, ce sera quand même assez pauvre.

Claire : J’ai envie aussi que les salles de concerts rouvrent, parce que c’est là que la musique prend un tout autre sens dans la transmission, le partage, le fait de vivre ça en direct avec des gens. Retrouver un contact avec les oreilles, les yeux, les mains, etc. Se retrouver à la fin des concerts et en discuter avec les gens, c’est ce qui me manque beaucoup. Et pouvoir continuer à faire de la musique, ça c’est sûr.

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Quel message souhaitez-vous faire passer pour conclure cet interview ?

Clara : En ce moment, il y a de nombreuses manifestations, notamment pour soutenir la culture. Donc après avoir vu le clip de « Voorpret », allez dans la rue ! (rires)

(c) Alexandre Mellak
(c) Alexandre Mellak