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Pour la sortie de leur single coup de poing Bonne Planque , Félix et Antoine, alias Felhur X Andro, nous ont expliqué leurs différentes définitions de « planqués ». Que ce soit les riches héritiers, les politiques ou même les fonctionnaires, personne n’est épargné dans leur texte. Et c’est d’ailleurs adroitement et humoristiquement traduit dans leur clip. Leur album rap, La vie est simple, sort le 4 juin et nous réserve d’autres belles surprises. Si vous ne les connaissez pas encore, c’est normal : vous êtes au bon endroit.
Qui êtes-vous Felhur et Andro ? Quelle est l’histoire de votre duo ?
Félix : Moi c’est Felhur. Actuellement, je suis prof de philo et rappeur. Avec Antoine, on s’est rencontrés dans un tremplin de basse qualité dans une salle des fêtes du 19ème arrondissement de Paris (rires) ! On s’est dit qu’on pourrait sûrement mettre en commun nos deux disciplines. À savoir le rap et le beatmaking. Et voilà, on a commencé comme ça en 2018. Moi j’avais déjà sorti des projets de rap avant.
Antoine : Moi c’est Andro, je suis beatboxer depuis 12 ans maintenant. J’ai été Champion de France en 2015, et vice-champion en 2020. Et puis je suis beatmaker depuis 2017. Avec Felhur, ce qu’on voulait, c’était la cohérence entre la production musicale et les textes novateurs.
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Votre titre Bonne planque tombe au bon moment, en pleine affaire des restos clandestins. Pouvez-vous nous expliquer ce que vous avez voulu dénoncer à travers ce titre ?
Félix: Moi je t’avoue, quand Antoine est arrivé avec ce titre, ça m’a parlé tout de suite. J’ai grandi avec certains enfants des grandes fortunes françaises. Ce qu’on pourrait appeler la « jeunesse dorée parisienne ». Je ne suis pas un héritier de grandes fortunes mais je me suis retrouvé à leurs côtés, comme ça. On a pitché le son en se disant : « Les privilèges ont été abolis une nuit d’août 89, mais leur résurgence parait indiscutable ! ». Quand on regarde la façon dont sont réparties actuellement les richesses et qu’on nous rabâche encore qu’il faut travailler à l’école, c’est vraiment du foutage de gueule ! La course est faussée dès le départ. Il y a énormément de mômes qui ont, à leur 18 ans, plus d’argent que la plupart de gens n’en gagneront dans leur vie.
Bonne planque, c’était une manière de dire qu’il n’y a pas que les planques d’héritiers et de grandes fortunes. On parle aussi d’un néo-colonialiste de 65 ans qui, avec ses 1500€ de retraite de fonctionnaire, va s’acheter une baraque en Afrique et se marie avec une femme de 19 ans. Il y a des planqués à différentes échelles. C’est l’idée de la valorisation et de l’utilisation abusive de ces privilèges qui est dénoncée dans le son.
Antoine : C’est marrant parce que moi, quand j’ai pensé à Bonne planque, les planqués que je voyais étaient surtout ceux que je peux côtoyer en banlieue. La planque peut aussi se résumer à : tu trouves quelqu’un, tu te poses, tu prends une maison avec un chien, puis tu trouves un taff où tu ne travailles pas trop, plutôt bien payé, tu te fais un peu chier mais globalement tu sais que ta vie va rouler jusqu’à la fin. On peut tous être planqués à notre échelle ! Il y a aussi les gens qui se planquent comme ils peuvent, dans la routine parce que l’inconnu leur fait peur. Le moindre truc peut être une planque. Comme la fameuse soirée du samedi où tu fuis ton quotidien atroce.
Félix : C’est peut-être ça qui est le plus terrible aussi. À n’importe quelle échelle, on essaie de gratter comme on peut. Avant d’être prof, j’ai bossé dans des showrooms de mode. Quand Antoine m’a parlé de planque, j’ai direct pensé à ces gars-là. Tu bosses quatre fois dans l’année, tu vas dans les fashion weeks. Le reste du temps, tu te balades de boutiques en boutiques, tu passes ta vie à picoler (rires). Quand tu vois qu’il y a des gars qui se lèvent à 5h du mat pour faire des livraisons et qui gagnent 80€ par jour, tu te dis que c’est vraiment n’importe quoi.
https://www.youtube.com/watch?v=rXUIe2oInnk&ab_channel=FELHUR
Pour le clip de Bonne planque, vous avez fait appel au même réalisateur que pour Técla un Teh et Longue vie, Armand Belloin. Pouvez-vous nous raconter cette collaboration ?
Félix: Je l’ai rencontré lors d’un projet solo pour le clip de Tous des singes. Quand on a eu besoin d’un clipper, j’ai pensé directement à lui. Le courant est très bien passé entre nous trois. Là où on a accroché, c’est qu’il est hyper carré. Nous, on lui dit: « Tiens, voilà trois bouts de ficelle, t’as trois semaines, fais-nous un clip qui déchire (rires) » Et là, il dit : « Ok ! » On est infiniment reconnaissants envers son travail et son inventivité.
Antoine: On cherchait une relation un peu comme la nôtre où on peut travailler dans la durabilité. On veut créer une équipe soudée, pour travailler plus efficacement parce qu’on se connait alors c’est facile de travailler ensemble. Il y a peu d’égos entre nous. Bonne planque, on lui a fait changer quatre ou cinq fois d’idées mais il n’a jamais rien dit. Et au final, il nous a pondu un truc qui déglingue! C’est pour ça que pour Qu’en reste t’il, on refait appel à lui.
https://www.youtube.com/watch?v=0eWuHtBjQSA&ab_channel=FELHUR
Quel est le titre dont vous êtes les plus fiers ?
Félix : C’est difficile de choisir mais je pense que c’est Bonne planque. Pour son côté accessible. Parce que moi, je fais beaucoup de morceaux où ça se prend la tête. Ça fait longtemps que je travaille pour avoir un truc simple avec quand même une richesse textuelle et un message. Je pense que Bonne planque, c’est un bon composé de ça, où il y a une vraie identité qui nous est propre.
Antoine : Celui dont je suis plus fier, c’est Qu’en reste t’il? La fierté parce que musicalement, j’ai dû mal à me dire que j’ai composé en partie ce truc-là (rires). Ce que je kiffe aussi, c’est cette synergie. On a tous les deux vécus un truc, on l’a mis en commun et ça vient se coller ensemble. Et en plus, les gens qui l’écoutent, ça les met globalement assez d’accord. C’est un morceau qui parle de rupture, un thème abordé souvent dans la musique et dans le rap. Et d’avoir réussi à le faire, sans en faire un truc trop cliché et sans renier que ce soit du rap, ça mêle tout ce que j’aime et veut faire. Et je trouve que Félix, il a été trop bon dans l’interprétation. Ce morceau, j’en suis vraiment fier et je suis content qu’on le clippe.
Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour la suite ?
Antoine : Des lives sans hésiter. Je crois que c’est ça qui fera vivre notre musique et notre projet, le plus longtemps possible.
Félix : Nous, on continue toujours de faire du son. L’album, ça fait un moment qu’il est enregistré. On a beaucoup de sons qui dorment encore. Donc on veut retourner en studio et que la vie culturelle reprenne. On attend qu’une chose, c’est que ça reprenne.
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