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Jamais bien loin de son clavier, Cléa Vincent renouvelle la pop française au rythme des instruments qui l’accompagnent fidèlement. Après 3 EPs et deux albums, Retiens mon désir, c’est à travers 6 morceaux qu’elle s’exprime dans son 4e EP Tropi Cléa 2. Des mélodies printanières et dansantes pour un hymne au bonheur et au lâcher prise. Une atmosphère de liberté et de légèreté qui fait du bien, surtout en ce moment. Si vous ne la connaissez pas, c’est normal : vous êtes au bon endroit.
Comment te décrirais-tu pour ceux qui ne te connaissent pas encore ?
Je suis pianiste, chanteuse, auteure, et compositrice. Instinctivement, j’ai écrit des musiques au format pop et ma musique évolue dans ce domaine, c’est assez orchestré.
Peux-tu nous raconter ton parcours musical ?
J’ai été inscrite très jeune au conservatoire de musique classique pour apprendre le piano, mais j’ai commencé à décrocher vers ma sixième année. Il y a un côté très scolaire et moi je n’ai pas toujours été une bonne élève donc il y a un moment où ça m’a rattrapé (rires). Heureusement mes parents ont eu le bon réflexe de m’inscrire en école de jazz, très rigoureuse aussi, mais avec beaucoup plus de libertés. J’ai beaucoup aimé découvrir l’improvisation et les autres caractéristiques de ce genre. C’est dans ma vingtaine que j’ai commencé à chanter. J’ai eu besoin de m’exprimer, d’aller encore plus loin dans l’expression de mes émotions. C’était sans doute lié à ce que je vivais, à cet âge charnière. J’ai eu besoin de mettre des mots sur des mélodies, c’était vraiment plus thérapeutique au début. Je n’aurais jamais imaginé faire autant de choses 10 ans après.
Pourquoi les instruments ont une place si importante dans ta musique ?
J’écoute toutes sortes de musique, mais principalement du jazz. Et dans ce style, il y a cette tradition du piano, de la basse, de la batterie, c’est un peu le “squelette” du jazz. J’aime bien ajouter des synthétiseurs qui donnent un grain plus moderne et plus 80′ à la fois. Ma musique se construit petit à petit mais il y a toujours ce tronc piano, basse, batterie. Je pense que ça vient à la fois de mon influence jazz, et de mon goût pour la musique des années 80, sans oublier la musique électronique où on retrouve des claviers.
Tropi Cléa 2 est un hymne au lâcher prise, comment as-tu puisé ton inspiration ?
Ces chansons sont venues toutes en même temps, à l’automne 2019. J’ai pu les sortir 5 mois après, c’est un bon tempo ! J’ai eu la chance d’avoir un super studio à Paris prêté par le Carreau du Temple pendant deux ans. Dans ce très beau studio, il y a un magnifique piano à queue et je dois avouer qu’il m’a donné une vraie énergie créative.
Il y a aussi eu le contexte. Il y a un an c’était les grèves, le #MeToo, etc : bref, des vraies préoccupations. Ça m’a vraiment fait réfléchir à plein de choses. Je pense que c’est le mélange de ce studio à disposition, l’actualité et l’envie de sortir quelque chose de solaire parce que l’ambiance était morose.
Quel est le morceau dont tu es la plus fière et pourquoi ?
J’ai écrit tous les morceaux sauf « Bahia » qui m’a été proposé par le trompettiste du groupe, Raphaël Thyss. Il n’osait pas me l’envoyer et je l’ai un peu poussé à me l’envoyer. C’était un mémo vocal sur le téléphone et j’ai tout de suite entendu qu’il y avait une super chanson derrière. On l’a orchestrée tous ensemble. C’est ma préférée ! Quand on trouve une chanson très bonne et touchante, c’est un vrai plaisir de la chanter. Elle me correspond super bien et j’aurais adoré l’avoir écrite.
Les sessions live sont importantes pour toi. Comment vis-tu cette période où la scène est inexistante ?
Au départ, je l’ai vécu un peu comme une privation de liberté. Et puis, petit à petit, je le vois plus comme l’occasion d’inventer de nouvelles formes, d’imaginer comment se produire à un horaire qui peut convenir. Par exemple, avec un ami, on a commencé à jouer au petit déjeuner dans une brasserie. On fait des déambulations, j’ai chanté en marchant avec un clavier autour du cou, c’était marrant d’essayer ça. On n’a pas de pouvoir sur ce qui nous arrive alors autant ne pas se laisser abattre et réfléchir à comment survivre. Réinventer pour que ça corresponde aux règles de maintenant. Il faut continuer à exister, tout en sachant que ça va s’arrêter, plutôt que d’attendre que les concerts soient annulés. Il vaut mieux être force de proposition pour avancer.
Tes musiques sont rythmées d’optimisme, comment fais-tu pour le garder en ce moment ?
En déclenchant ces actions « de survie » et en gardant le contact humain malgré les masques. Je suis assez inspirée des conversations que j’ai avec les gens donc j’essaie de maintenir un niveau d’échanges et de contacts humains par tous les moyens, comme les petits-dej’ concerts. Ça m’aide à rester positive. J’écoute beaucoup ce qui sort en ce moment, les bons films, etc. Faire à manger aussi, ça me booste ! Mais je ne vais pas mentir, je suis quand même estropiée sans les concerts, ça veut dire moins de conversations, mais j’essaie de compenser au maximum en cherchant l’énergie autour.
Que pouvons-nous te souhaiter pour la suite ?
En ce moment, je me concentre sur mon troisième album. J’aimerais qu’il soit plus électro et house music. Je réfléchis plus à des sonorités et à comment faire danser au maximum dans ce futur projet. J’ai déjà 6 morceaux prêts mais j’en voudrais plus d’ici la fin de l’année. Alors je veux bien que vous m’envoyiez un.e petit.e génie pour trouver l’inspi (rires). J’ai hâte de le mettre en scène donc vivement que ça arrive, le plus vite possible…