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9 livres à dévorer en mai

Ceci est un appel au boycott des plateformes Netflix, HBO, Disney+ & co.

Par
Lison Délot
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«Une lecture amusante est aussi utile à la santé que l’exercice du corps.» Emmanuel Kant avait-il deviné que nous ferions face à une crise sanitaire qui nous conduirait à rester chez nous durant des mois, confinés ? Quoi qu’il en soit, cette citation prend tout son sens aujourd’hui. Qu’est-ce que vous diriez de lâcher un peu vos séries Netflix, d’arrêter vos huit cours de sport par jour, et de vous laisser tenter par un bon livre ? Je m’improvise donc experte en la matière en sélectionnant pour vous cinq livres, qui, on ne sait jamais, pourraient vous plaire.

La vie devant soi, Romain Gary (Emile Ajar)

Momo pense avoir 10 ans. Il vit chez Madame Rosa, une vieille juive, ancienne prostituée qui a connu Auschwitz et créé « une pension sans famille pour les gosses qui sont nés de travers ». Autrement dit, elle tente de sauver ces enfants de l’assistance publique et des proxénètes.

Hantée par ses souvenirs de la guerre, Madame Rosa est malade mais refuse catégoriquement d’aller à l’hôpital comme le lui conseille son médecin.

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Avec humour et innocence, Momo nous raconte son quotidien d’enfant, son amour pour Madame Rosa qu’il considère comme sa mère, mais aussi ses réflexions sur la vie.

La vie devant soi est un véritable chef d’œuvre où se mêlent enfance, vieillesse, sentiments, vie et mort, agrémenté d’un soupçon de désinvolture et de trouvailles langagières drôles et surprenantes.

Pour la petite anecdote, Romain Gary a reçu le prix Goncourt pour ce roman en 1975, sous le nom d’emprunt d’Emile Ajar. Or, Romain Gary avait déjà reçu un prix Goncourt en 1956, et un auteur ne peut recevoir deux fois le même prix. Belle entourloupe !

1984, George Orwell

Vous avez forcément entendu parler de ce livre au moins une fois. Alors, soit vous l’avez déjà lu, soit vous avez fait semblant de l’avoir fait. Si c’est le cas, il est temps de s’y mettre ! Roman essentiel de science-fiction et de philosophie, 1984 pourrait être résumé par ce slogan : « Big Brother is watching you ». Une dystopie qui n’a pas pris une ride.

Orwell nous fait plonger dans un monde où le totalitarisme a atteint des sommets. Winston Smith est un fonctionnaire exemplaire qui travaille au ministère de la vérité. C’est à travers ses yeux que nous découvrons une société cauchemardesque, dirigée par le parti unique de Big Brother. Mais à la rencontre d’une jeune femme, Julia, il transgresse pour la première fois les règles du parti… Mauvaise idée.

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1984 est un roman immersif et politique qui s’adresse aux régimes communistes naissants au début des années 50. A destination des lecteurs de l’Ouest, il veut les pousser à réfléchir sur les dangers d’un potentiel régime totalitaire. Ce roman est intemporel, on peut le lire et le relire aujourd’hui, ça ne fait pas de mal ! Ça fait même du bien…

Pourquoi j’ai mangé mon père, Roy Lewis

Retour à la préhistoire et découverte d’un moment clé de notre histoire. Dans les pas d’une famille surprenante, nous découvrons Edouard, le chef de famille obsédé par le progrès qui ramène le feu dans le foyer, mais aussi Vania, son frère qui au contraire pense que le progrès n’est que malheur et dont le slogan est « back to the trees ». Ernest, l’un des fils, est aussi le narrateur. Plutôt simplet, il n’aspire à rien d’autre qu’à une vie tranquille. Son personnage est celui d’un critique car il voit tout, et connait les pensées de tous les autres personnages.

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Au fil des pages, nous suivons cette famille qui évolue à travers une narration burlesque, reposant sur le décalage entre la vie rude et primitive de la famille et leurs dialogues plutôt élaborés, dignes de discussions que pourraient avoir les chercheurs de notre temps !

Ce livre nous donne à réfléchir sur la place de l’homme dans le monde, mais aussi sur le rôle (très invasif) du progrès.

Petit conseil : activez votre mode « second degré ».

Le Magasin des suicides, Jean Teulé

L’auteur nous plonge dans un monde morbide, où la dépression fait rage, tout est triste et macabre. Dans un monde pareil, il est devenu presque normal de vouloir en finir avec la vie.

Heureusement, il existe le magasin des suicides. Vous y trouverez tout l’attirail possible et imaginable pour mourir. Le slogan ? « Vous avez raté votre vie ? Avec nous, vous réussirez votre mort ! ». Plutôt clair.

A l’origine de ce magasin, la famille Tuvache qui met un point d’honneur à soigner l’accueil : mines sombres et « adieu monsieur ». Il y a donc le père qui ne rigole pas avec les valeurs familiales, la mère experte en poison et les deux enfants : un ado mal dans sa peau et un artiste torturé, anorexique. L’honneur est sauf.

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Mais tout bascule le jour où les parents décident de tester un produit, la capote trouée. Nait alors Alan, un enfant joyeux, sourire aux lèvres et air réjoui, qui va détruire l’équilibre familial instauré depuis des générations…

Parler de suicide sur le ton de la rigolade, pas facile. Mais Jean Teulé y est parvenu et le résultat est vraiment réussi.

Une saison en enfer, Arthur Rimbaud

Pour les amoureux des mots, le dernier livre sélectionné est un recueil de neuf poèmes en prose. Ce livre a été écrit en 1873, dans une période particulière pour son auteur. La relation de Rimbaud avec Paul Verlaine est houleuse, et dégénère jusqu’à la séparation (on vous conseille d’ailleurs le film “Éclipse totale” sur le sujet). C’est dans ce contexte que Rimbaud écrit Une saison en enfer, recueil dans lequel il livre ses désillusions, ses échecs mais aussi ses espoirs.

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La première partie est consacrée à la folie et à la mort dont a échappé Rimbaud ainsi qu’à son exil à Londres. Dans la seconde, il parle d’un retour à la raison, tout de même parsemé de désespoirs. Il s’agit donc d’un ouvrage très personnel dans lequel on découvre les différentes étapes de la vie de Rimbaud. Petite particularité (pour votre culture G) : ce recueil est le seul qu’Arthur Rimbaud ait tenté de publier à compte d’auteur, c’est-à-dire, lui-même, certainement par souci d’indépendance.

Arte Book Club: les conseils de Redek et Pierrot (Le Mock)

Redek et Pierrot, les deux Lyonnais qui « réinventent l’essai littéraire » depuis 2015, ont aussi leur liste de lecture spéciale confinement ! Leur incontournable: Huis Clos de Jean Paul Sartre. Dans cette pièce, les trois personnage sont enfermés dans une pièce, en enfer. D’après Redek et Pierrot, «c’est une pièce qui donne notamment à réfléchir sur l’importance de la présence d’un rythme dans nos vies». Ils en ont d’ailleurs parlé longuement ici.

Croc-Blanc
L’Île au trésor
Robinson Crusoé
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Vous trouverez bien un livre qui vous tente parmi tous ceux-là, non ? Le truc, c’est de se lancer. Si au bout de 350 pages vous trouvez toujours que c’est nul, vous avez le droit d’arrêter…