Logo

6 phrases par rapport à l’argent et au travail qu’il faut arrêter de dire aux enfants

Ce n’est pas parce qu’elles vous ont été répétées dans votre enfance qu’elles ne sont pas dommageables.

Par
Lucie Piqueur
Publicité

« Qu’est-ce que tu veux faire quand tu seras grand.e ? », nous a-t-on demandé des dizaines de fois dans notre enfance. Pourtant, cette simple question (d’apparence idéale comme sujet de small talk avec un petit humain gesticulant) est plus lourde de sens qu’on pense. Selon Michelle Obama, c’est même la pire question qu’on peut poser à un enfant !

Si vous souhaitez aider vos enfants à devenir des adultes autonomes, responsables avec leur argent et épanoui.e.s dans leur travail, pas besoin de leur faire gérer un budget Excel avec leur argent de poche. Commencez tout simplement par réfléchir à ces petites phrases que vous leur répétez au quotidien sans réfléchir, et qui ont le pouvoir de miner leur rapport à l’argent, au travail et à la consommation.

« Qu’est-ce que tu veux faire quand tu seras grand.e ? »

Commençons donc par ce grand classique des soupers de famille. Tout part de bonnes intentions. On cherche un petit aperçu du futur. On veut connaître les aspirations des enfants et les encourager à rêver grand. On a hâte de rire un bon coup si la réponse ressemble à « vétérinaire pour poupées ».

Publicité

Dans les faits, on est en train de demander à quelqu’un qui connaît environ quatre métiers de se projeter 25 ans dans l’avenir. On lui fait résumer tous ses rêves en un choix de carrière. On lui rentre dans la tête cette idée de base : tout le monde a une vocation et l’aboutissement de la vie est de trouver sa job de rêve. Attention à ne pas manquer le bateau !

Le bonheur, c’est aussi savoir saisir les opportunités que le hasard met devant nous, et comprendre qu’un être humain ne se définit pas uniquement par son travail.

Pourtant, cinq ans, c’est un peu jeune pour choisir sa voie et espérer ne jamais être déçu.e par la suite. La majorité des enfants n’ont rien à répondre, ou bien inventent quelque chose pour faire plaisir. Eh oui, pour faire plaisir. Car répondre à cette question, c’est aussi réaliser dès trois ans qu’à en juger par la réaction des adultes, rêver d’être princesse, caissier ou astronaute n’a pas la même valeur.

Publicité

Sachez que même rendu.e.s au lycée, la plupart des jeunes n’auront toujours aucune idée de l’avenir qui les attend. Ce sera une source continuelle de stress, alors que dans le fond, c’est normal. Le bonheur, c’est aussi savoir saisir les opportunités que le hasard met devant nous, et comprendre qu’un être humain ne se définit pas uniquement par son travail.

« Tu peux faire tout ce que tu veux dans la vie si tu travailles assez fort. »

Dans la même veine que la phrase précédente, c’est très honorable d’encourager les enfants à travailler dur et à ne jamais se décourager. Sauf que c’est faux de dire que le succès ne dépend que du travail.

Plutôt que de distribuer gratuitement des déceptions à vos enfants, vous devriez plutôt les aider à découvrir leurs forces et leurs faiblesses. Vous pourriez leur apprendre à avoir l’esprit assez ouvert pour essayer de nouvelles affaires, et l’esprit assez critique pour savoir ce qui mérite ou non qu’on s’acharne dessus.

Encouragez vos enfants à donner le meilleur d’eux-mêmes, mais ne leur faites pas croire que tout le monde peut arriver premier à la même course. Et, de grâce, ne leur rentrez pas dans la tête qu’il ne faut JAMAIS abandonner.

Publicité

Selon la psychologue et autrice Erica Reischer, c’est le meilleur moyen d’encourager les enfants à utiliser des moyens non éthiques pour atteindre leurs objectifs (parlez-en à Elizabeth Holmes), ou bien de leur faire perdre confiance en eux quand, malgré tous leurs efforts, ils ne pourront pas atteindre leur but.

« On n’a pas un rond. »

L’honnêteté est très importante avec les enfants. Et puis, ils sont bien capables de remarquer s’ils habitent dans un HLM ou dans une villa. Cela dit, c’est injuste de décharger le stress des factures sur eux, en particulier parce qu’ils n’ont aucun pouvoir sur la situation.

Votre anxiété est dure à porter, mais elle peut avoir des effets encore plus dévastateurs sur un petit cerveau en développement.

Publicité

Pour un enfant, « on n’a pas un rond », ce n’est pas une hyperbole. Ça peut vouloir dire qu’on n’aura plus jamais un seul euro et qu’on va mourir bientôt. Votre anxiété est dure à porter, mais elle peut avoir des effets encore plus dévastateurs sur un petit cerveau en développement. C’est un traumatisme qui pourrait perdurer même quand votre situation financière s’améliorera, et même quand l’enfant sera grand et aura à gérer ses propres finances.

Pour éviter d’avoir à choisir entre mentir ou traumatiser, vous pouvez expliquer la situation de façon neutre. Oui, vous êtes obligé.e de changer vos habitudes et vous allez faire très attention à ce que vous achetez pendant un certain temps, mais les enfants n’ont pas à s’en préoccuper, car c’est seulement la responsabilité des parents.

« J’en peux plus de mon job. »

Il n’y a pas un parent qui rentre tous les soirs à la maison avec un grand sourire aux lèvres et la satisfaction d’un emploi chaque jour plus épanouissant que la veille. On a tous et toutes des journées épuisantes qui donnent envie de brûler notre CV et de bitcher toute la soirée en rentrant à la maison.

Publicité

Encore une fois, le problème, ce n’est pas d’être honnête avec les enfants. Le problème, c’est que les horizons des enfants sont tout petits. S’ils vous entendent raconter que vous détestez votre travail, ils vont naturellement en déduire que devenir adulte, c’est passer ses journées à se faire torturer dans un endroit mystérieux pour pouvoir être capable de payer les factures. D’ailleurs, c’est peut-être ce que vous avez vous-même appris de vos parents.

C’est important de garder ses frustrations à l’extérieur de la maison. (On n’a pas dit que c’était facile, par contre !) Assurez-vous que vos enfants comprennent que malgré votre fatigue, vous appréciez certains aspects de votre travail puisque vous l’avez choisi. Ou alors, profitez de la pénurie de main-d’œuvre pour décrocher un emploi que vous haïssez moins. Car vous aurez beau répéter à vos enfants l’importance de se trouver un bon job, comment pourraient-ils s’intéresser au travail s’ils sont persuadés que c’est de la torture ?

Tous les jugements de valeur que vous transmettez à un enfant constitueront sa petite voix intérieure à l’âge adulte.

Publicité

Mais surtout, surtout, ne leur demandez pas d’être reconnaissants parce que vous travaillez dur toute la journée uniquement pour pouvoir leur acheter des choses. Ils n’ont rien demandé et ils n’ont pas à se sentir reconnaissants ou coupables de vos souffrances quotidiennes. Il y a toutes les chances qu’ils développent un rapport malsain avec le travail, ou qu’ils confondent l’argent et la consommation avec l’amour que vous leur donnez.

« Tu es paresseux.se. »

Les enfants ne sont pas paresseux. Il y a toutes sortes de raisons pour lesquelles ils ne font pas ce que vous leur demandez. Ils ne savent pas comment. Ils sont fatigués. Ils ont peur de se tromper. Ils ne voient pas l’intérêt. Vous pouvez leur dire bien des choses plus constructives que de les traiter de paresseux. Pensez-y. Tous les jugements de valeur que vous transmettez à un enfant constitueront sa petite voix intérieure à l’âge adulte.

Publicité

Dire à un enfant qu’il est paresseux, c’est lui dire que la paresse fait partie de sa personnalité. Ce serait vraiment plus intéressant, au contraire, de lui faire comprendre que vous savez de quoi il est capable et que vous êtes là pour le soutenir.

« Tu es tellement intelligent.e ! »

C’est un gentil compliment, mais il ne faut pas en abuser. Si vous répétez à un jeune enfant qu’il est intelligent, il risque de se passer deux choses : 1) L’enfant pensera qu’il a un don naturel appelé intelligence et il ne comprendra pas le lien entre l’effort et le succès. Au fur et à mesure que les problèmes deviendront plus difficiles à résoudre, il ne comprendra pas pourquoi son intelligence magique ne fait plus effet; 2) L’enfant se mettra à éviter les situations qui risquent de contredire son « don naturel ».

Pour les encourager, variez un peu les compliments, et misez sur ce que votre enfant peut contrôler. « Wow ! Tu as bien réfléchi et tu as trouvé la solution tout.e seul.e ! » « Tu peux être fier.e de toi, car tu t’es bien concentré.e jusqu’au bout. »

Publicité

Si vous avez vous-même un mauvais rapport à l’argent ou au travail, ce n’est pas toujours évident d’aider vos enfants à ne pas reproduire le pattern. Mais rassurez-vous, vous ne risquez pas de casser votre progéniture si vous sortez l’une de ces phrases une fois de temps en temps.