6 films que vous avez peut-être ratés en juin

OK, vous avez déjà vu Top Gun Maverick quatre fois : et maintenant ? Voici quelques films ambitieux et singuliers sortis au mois de juin, qui raviront vos pupilles en ce début d’été.

Si vous voulez ricaner très fort… Compétition officielle

Les films qui se moquent de l’hypocrisie du cinéma tout en déclarant leur amour à la magie du cinéma appartiennent à un sous-genre particulièrement réjouissant. Cette satire grinçante (parfois littéralement) de Mariano Cohn et Gastón Duprat raconte ainsi la fabrication d’un futur grand film, produit par un homme d’affaires avide de postérité. Pour ce projet ambitieux, une réalisatrice excentrique, incarnée par une Penelope Cruz survoltée, est mise en relation avec deux acteurs aux méthodes radicalement différentes. L’un (Antonio Banderas) est une star de cinéma grand public, l’autre (Oscar Martinez) un acteur de théâtre intellectuel. Tous plus prétentieux les uns que les autres, les trois artistes se lancent dans une collaboration réticente, dans l’espoir de dynamiser leur carrière. Problème : ils ne se supportent pas. Les acteurs et la cinéaste se tirent dans les pattes, à travers des défis et des farces de plus en plus élaborées, qui dévoilent par la même occasion toute la versatilité de leur art. Malgré une fin qui part un peu trop en vrille, le résultat est un spectacle méta hilarant.

Si vous voulez désinstaller Instagram… Sweat

https://www.youtube.com/watch?v=ldGI3TFq0dA

Sylwia est influenceuse fitness. Plusieurs fois par jour, lorsqu’elle ne donne pas des cours de sport dans un centre commercial où à la télé, elle s’adresse à ses plus de 600.000 followers sur Instagram et leur montre ses unboxing, ses recettes de smoothies protéinés, ses virées en voiture, et parfois, ses peines de cœur. Elle est belle, pétillante, adorée par des milliers d’anonymes, mais le film de Magnus Von Horn nous montre surtout la solitude écrasante de la jeune femme. Exposée au harcèlement et à la pression incessante des sponsors, Sylwia n’a pourtant jamais le droit de se plaindre ou d’exprimer la moindre vulnérabilité. Avec sa lumière froide, le film s’attache à montrer la réalité derrière les filtres, les multiples dimensions et les imperfections de son héroïne, terriblement attachante et altruiste, mais que personne ne prend vraiment au sérieux. Magdalena Kolesnik, qui est de quasiment tous les plans, porte le film à merveille avec son énergie solaire et sa sensibilité à fleur de peau.

Si vous voulez maudire vos ex… Men

Ahlala, les hommes. N’est-ce pas ? Difficile de résumer autrement le film malicieusement misandre et rentre-dedans d’Alex Garland. On vous avait déjà parlé il y a quelques semaines de ce nouveau projet horrifique et foufou du réalisateur d’Ex Machina et Annihilation, présenté à Cannes 2022 après avoir été mûri pendant de longues années. Jessie Buckley y livre une performance intense dans le rôle de Harper, une jeune femme qui tente de se ressourcer à la campagne après la mort de son mari. De plus en plus perturbée par des phénomènes étranges, et harcelée par plusieurs hommes incarnés par Rory Kinnear, l’héroïne est confrontée à ses regrets et ses angoisses. Le message n’est pas toujours très subtil, mais le cinéaste démontre encore une fois son goût pour l’étrange, les visuels percutants et les fins cryptiques. Si vous cherchez une œuvre à la fois poétique, divertissante et profondément bizarre, n’allez pas plus loin.

Si vous voulez en prendre plein la vue… Decision to leave

Un détective enquête sur une mort suspecte, et commence à soupçonner la femme de la victime. Le point de départ est simple, mais le dernier film de Park Chan Wook, entre romance tourbillonnante et film policier à twists, est un de ses plus alambiqués. Sa virtuosité presque étouffante est à la fois sa force et sa faiblesse: Decision to leave contient assez d’idées de mise en scène pour vous donner le vertige, mais les enchaîne tellement vite qu’il est parfois difficile de reprendre son souffle, voire d’apprécier l’histoire qui nous est contée. Un condensé étourdissant de cinéma, qui a sans surprise remporté le prix de la mise en scène lors du festival de Cannes 2022.

Si vous voulez une bonne romcom… Fire Island (Disney+)

Le mois des fiertés vient de s’achever, mais si vous voulez notre avis, il n’y a pas vraiment de saison pour célébrer la communauté LGBTQ. Allez donc vous jeter sur la comédie romantique de et avec Joel Kim Booster, qui suit les vacances d’un groupe d’amis gays sur l’emblématique île de Fire Island, au large de New York. Réalisée par Andrew Ahn, cette adaptation queer et contemporaine d’Orgueil et préjugés met en scène plusieurs acteurs asiatiques dans ses rôles principaux, ce qui est déjà une petite révolution en soi au cinéma. Mais c’est aussi un pur plaisir romantique, grâce aux réparties bien senties, aux décors de rêve, aux seconds rôles savoureux, et à la tension sexuelle électrique entre Joel Kim Booster et Conrad Ricamora, impeccable en Darcy moderne.

Si vous comptez voyager en train cet été… Compartiment n°6 (Canal +)

https://www.youtube.com/watch?v=tcQioQG78RE

Si vous prévoyez de partir à l’aventure cet été, et a fortiori si vous planifiez un voyage en train, impossible de ne pas rattraper le sublime Compartiment n°6, présenté au festival de Cannes en 2021. Le film de Juho Kuosmanen et Rosa Liksom suit le périple d’une jeune Finlandaise dans les années 1990, qui traverse la Russie en train pour aller voir des pétroglyphes dans la mer arctique. Paumée dans sa vie et dans son couple, elle doit partager sa cabine de train avec un jeune ouvrier un peu rustre, incarné par le très charmant Yuriy Borisov. À force de promiscuité, les deux personnages, qui n’ont rien en commun, vont finir par développer une belle complicité. Rythmé par le tube de Desireless Voyage Voyage, Compartiment n°6 est un film tout doux et rêveur qui vous donnera plus que jamais envie de barouder.