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6 films que vous avez peut-être ratés en juillet
Il fait chaud, non? L’occasion d’aller s’enfermer dans des salles obscures et se laisser rafraîchir par quelques excellents thrillers… À moins que vous n’ayez envie d’un peu de chaleur, de romance et de sensualité? Dans tous les cas, on a ce qu’il vous faut.
À voir en salles
Si vous voulez un thriller captivant… La Nuit du 12
Réalisé par Dominik Moll (Harry, un ami qui vous veut du bien), ce thriller sombre inspiré d’une histoire vraie est le dernier film en date à s’attaquer à la culture du viol, et au caractère systémique des violences faites aux femmes. La Nuit du 12 raconte une enquête de la PJ de Grenoble, autour du meurtre de Clara, brûlée vive alors qu’elle rentrait à pied chez elle. Les suspects sont nombreux, et l’affaire, pleine de rebondissements et d’impasses, ronge de plus en plus les enquêteurs – un duo incarné à la perfection par Bastien Bouillon, jeune capitaine discret, et Bouli Lanners, vieux loubard fatigué par les horreurs qu’il voit au quotidien.
En partant de ce véritable fait divers, La Nuit du 12 explore la question plus large des féminicides et de l’indifférence qu’ils suscitent – avec quelques dialogues un poil didactiques qui, dans la bouche de nos personnages masculins, rappellent parfois la prise de conscience soudaine de votre pote devenu féministe après avoir eu une fille (mais si, on en a tous un). Mais ces quelques légères maladresses sont vite oubliées face à l’atmosphère ténébreuse et tourmentée de ce polar, qui reste en tête longtemps après le générique de fin. Un thriller à la Zodiac, qui sonde l’horreur de la masculinité toxique et d’une culture qui blâme et violente les femmes sans relâche.
Si vous voulez Denis Ménochet… Peter Von Kant
Dans son nouveau film, François Ozon s’inspire de la vie et de l’œuvre du cinéaste allemand Rainer Werner Fassbinder… Et notamment de la relation tumultueuse entre ce dernier et son amant et acteur fétiche El Hedi Ben Salem – le Marocain fut révélé par Fassbinder en 1974 dans Tous les autres s’appellent Ali. Dans cet hommage méta et légèrement camp, Denis Ménochet incarne Peter Von Kant, la version fictive de Fassbinder, tour à tour capricieux, hypersensible et tyrannique. Ce huis clos queer, romantique et très théâtral (l’action se situe presque exclusivement dans l’appartement de Peter Von Kant) évoque dans sa forme un autre film de Fassbinder, Les Larmes amères de Petra Von Kant (qui racontait le délitement amoureux entre deux femmes).
Avec ses décors de cuir et de fourrure, ses superbes couleurs primaires, son casting exubérant et sa bande-son rétro soigneusement sélectionnée, Peter Von Kant est un ravissement sensoriel, une expérience presque tactile à laquelle on s’abandonne volontiers.
Si vous voulez un thriller captivant avec Denis Ménochet… As Bestas
Dès ses premières secondes, As Bestas vous happe pour ne plus vous lâcher. Le film de Rodrigo Sorogoyen suit un couple de Français installés dans un village espagnol pour cultiver et vendre des légumes. Mais la présence du couple, et surtout d’Antoine (Denis Ménochet), ne plaît pas à certains locaux, notamment deux frères qui semblent nourrir une forte rancœur envers lui. Sorogoyen, loin de faire de ces antagonistes de simples bouseux agressifs, les complexifie admirablement. Ces hommes qui n’ont jamais mis les pieds hors de la région se sentent humiliés par la simple présence de cet étranger éduqué, qui ne fait pas l’effort de se mêler à eux, et qui proclame que cet endroit est toute sa vie alors qu’il s’y est installé il y a deux ans à peine.
À la montagne, les problèmes de voisinage peuvent vite dégénérer, et plus le film progresse, plus la tension entre les personnages est suffocante, laissant place à une hostilité à peine masquée. Avec une mise en scène percutante, accompagnée par la musique sombre d’Olivier Arson, Sorogoyen sature le film de suspense – chez le cinéaste espagnol, une simple partie de dominos peut s’avérer terrifiante. Denis Ménochet (Jusqu’à la garde, Grâce à Dieu) démontre à nouveau l’étendue de sa palette, cette fois-ci en espagnol. Mais c’est Marina Foïs, d’abord discrète, qui finit par offrir au film ses plus grands moments d’émotion.
Si vous en voulez plus, toujours plus… Un été comme ça
Trois jeunes femmes avec des « troubles d’ordre sexuel » démarrent un séjour estival dans une maison de repos au Québec, supervisées par une thérapeute et un assistant social. Au programme, aucun jugement, mais beaucoup de conversations et d’introspection. Ce Nymphomaniac chic et champêtre, qui s’étire un peu trop longtemps au delà des deux heures, maîtrise à merveille son atmosphère, et crée de belles scènes, que ce soit une séance de bondage ou un moment de sororité entre les jeunes femmes et une employée du centre. À force de vouloir éviter toute psychologisation, Un été comme ça prend le risque de rester trop théorique, n’accordant au final que trop peu d’intériorité et de propulsion à ses personnages. Mais c’est le genre de film qui mérite d’être vu, ne serait-ce que pour les conversations qu’il lancera sur la sexualité féminine et ses pulsions les plus taboues.
Bonus streaming… Flee (Arte)
Après avoir grandi à Kaboul, Amin a été contraint de fuir la guerre avec sa famille alors qu’il était encore très jeune. Résidant désormais au Danemark, il raconte à Jonas Poher Rasmussen son enfance, son long et dangereux voyage vers l’Europe avec des passeurs, et la difficulté à s’intégrer dans une nouvelle culture. La belle animation permet à ce documentaire de retranscrire fidèlement et de sublimer le périple émotionnel du protagoniste, tout en conservant son anonymat. Bouleversant, le film ne raconte pas que l’expérience de réfugié d’Amin, mais aussi la découverte et l’acceptation progressive de son homosexualité. Un documentaire solaire et mémorable, que vous pourrez également découvrir en salles dès le 31 août.
Mieux que l’algorithme
Si vous avez vu Elvis… Regardez Walk Hard (VOD)
Elvis, le nouveau projet de Baz Luhrmann en salles depuis le 22 juin, n’est pas tant un film qu’une bande annonce frénétique et éreintante de plus de deux heures trente. Malgré une performance électrique d’Austin Butler dans le rôle-titre, cette page Wikipédia filmée sur le King est une succession de clichés… dont Walk Hard se moquait déjà il y a quinze ans.
Le film parodique de Jake Kasdan et Judd Apatow suit la carrière extraordinaire de Dewey Cox, un chanteur parti de rien interprété par le génialissime John C. Reilly. Ce jeune prodige réalise tout son talent lorsqu’il découvre le blues auprès de vieux musiciens afro-américains (une scène que l’on retrouve presque quasiment à l’identique, mais au premier degré, dans Elvis!). Au programme de cette géniale satire, on trouve aussi les monologues inspirants, les montages faits de unes de journaux à la gloire du chanteur, l’addiction à la drogue et les accents ridicules… Bref, tout Elvis, mais en beaucoup plus drôle. Attention: une fois que vous aurez vu Walk Hard, vous ne pourrez plus jamais regarder un biopic musical sans y penser.