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6 films que vous avez peut-être ratés en avril
Et si, pour éviter le pollen et nos voisins relous, on allait se réfugier dans une salle de cinéma? Ça tombe bien, en ce moment, les bons films abondent. Si vous les aviez ratées, voici quelques excellentes productions qui ne devraient surtout pas échapper à votre radar.
À voir en salles
Si vous voulez de l’amour: Le monde après nous
Labidi est un écrivain fauché qui fait des courses Deliveroo pour survivre. Il vit dans une minuscule chambre de bonne parisienne, qu’il partage avec son meilleur ami Aleksei, et accepte à contrecœur les billets de 20 que ses parents inquiets lui glissent à chaque visite. Dès son meet cute aussi adorable qu’incongru avec Elisa, étudiante à Lyon, on prie pour que ces deux personnages puissent s’en sortir. Parce qu’on le sait, les histoires d’amour finissent mal, en général, surtout lorsque le romantisme d’une idylle naissante vient se heurter aux obstacles de la réalité.
Et ils sont nombreux, les obstacles. Le film très personnel de Louda Ben Salah-Cazanas parle d’amour au temps du système D, et de l’angoisse des transfuges de classe qui vivent de petits boulots et mènent une vie de bobo parisien au-dessus de leurs moyens. Avec beaucoup de talent et d’humour, Le Monde après nous raconte le Paris qu’ont connu tous les étudiants fauchés et les « provinciaux » expatriés : une ville brutale et trop chère, où tout le monde trafique des fiches de paie pour espérer avoir un deux-pièces exigu à 1200 euros.
Si l’on est habitués aux histoires d’amour fulgurantes, rares sont celles qui font preuve d’une telle sincérité, et qui parviennent à nous faire chavirer tout en restant ancrées dans la vie réelle. Dans Le Monde après nous, les galères d’Elsa et Labidi sont on ne peut plus saillantes (ce n’est pas dans La La Land, autre superbe idylle entre deux créatifs fauchés, qu’on verrait Ryan Gosling voler des gnocchis au Franprix du coin). Et pourtant, presque miraculeusement, les deux personnages s’accrochent et se battent pour que leurs rêves ne s’effondrent pas. Porté par le charme irrésistible d’Aurélien Gabrielli et Louise Chevillotte, Le monde après nous est un beau récit d’apprentissage moderne, qui comme ses personnages, trouve de la beauté et de la poésie dans la rudesse du quotidien.
Si vous voulez de la sensualité: Contes du hasard et autres fantaisies
Après avoir conquis la critique et remporté l’Oscar du meilleur film international pour Drive My Car, le cinéaste japonais Ryusuke Hamaguchi frappe encore, avec un nouveau récit qui tente de sonder l’intime. Assemblage de trois courts-métrages reliés thématiquement, Contes du hasard et autres fantaisies explore la douloureuse asymétrie de l’attirance et des sentiments amoureux.
Un triangle amoureux délicieusement cruel, un guet-apens érotique, ou encore un malentendu romantique entre deux femmes, telles sont les bases de ce triptyque captivant inspiré par le cinéma de Rohmer. À l’aide d’une mise en scène épurée qui sublime ses dialogues, Hamaguchi prouve une nouvelle fois son don pour créer des moments de cinéma hypnotiques et inoubliables. On gardera longtemps en mémoire cette scène de lecture, si simple et redoutablement efficace, où chaque mot et chaque geste sont chargés de sensualité.
Si vous voulez de la tension (et du poisson): Murina
Tous les matins, Julija plonge dans les profondeurs de la Méditerranée pour pêcher la murène avec son père. On comprend dès le début que l’adolescente croate subit une relation tendue, peut-être même abusive, avec cet homme capricieux et menaçant. Lorsque Javier, un riche et séduisant ami de la famille leur rend visite, Julija commence à voir en lui une porte de sortie, loin de la vie étriquée de sa petite île. Une mystérieuse tension progresse alors entre la jeune fille, ses parents et Javier.
La cinéaste Antoneta Alamat Kusijanović signe avec ce premier long-métrage un thriller percutant, qui observe finement les rapports de pouvoir et de séduction entre hommes et femmes – sans oublier sa relation mère-fille, tout aussi captivante. Le récit est fermement ancré dans le point de vue de Julija, impressionnant personnage féminin pour qui la nage et la plongée sont le seul refuge (Gracija Filipović est une révélation). Photographié par la talentueuse Hélène Louvart, le film a été récompensé par la Caméra d’or à Cannes en 2021.
Si vous voulez de la musique: Ghost Song
Un ouragan va s’abattre sur Houston. Alors que le ciel gronde de plus en plus, une galerie de musiciens, chanteurs, rappeurs, se succèdent et chantent leur colère, leurs ambitions et leurs désillusions. Avec ses images frappantes et ses personnages hauts en couleur, Nicolas Peduzzi livre un documentaire électrique et singulier, un film musical qui ne ressemble à aucun autre.
Bonus streaming…
Si vous voulez encore plus de musique: Songs for Drella
Après avoir bavé devant l’époustouflant The Velvet Underground de Todd Haynes, les fans de Lou Reed et John Cale se jetteront sur ce concert filmé en 1990 par Edward Lachman, actuellement disponible sur Mubi. Pour la première fois depuis la séparation du Velvet vingt ans plus tôt, les deux musiciens se réunissent et collaborent sur l’album Songs For Drella, en hommage à leur ami Andy Warhol décédé en 1987. Edward Lachman, qui a également travaillé comme chef opérateur sur The Velvet Underground, sublime la musique des deux légendes et l’énergie qui circule entre eux.
Mieux que l’algorithme
Si vous attendez impatiemment le nouveau Mission Impossible… allez voir Ambulance
Vous aimez oublier de respirer pendant 15 minutes ? Avoir l’impression que votre cœur va se décrocher ? Suivre des séquences d’action haletantes et complètement absurdes menées par un maître du genre ? En attendant le retour d’Ethan Hunt et ses cascades improbables, foncez voir Ambulance, le dernier thriller explosif de Michael Bay. On y suit deux frères qui, après un casse qui tourne mal, décident de braquer une ambulance pour s’échapper. Avec un blessé grave et une ambulancière charismatique (Eiza González) en guise d’otages, ils nous emmènent dans une course-poursuite effrénée sur les autoroutes de Los Angeles.
Alors oui, le montage épileptique et les plans de drone alambiqués vous feront peut-être perdre la vue. Oui, la surenchère de rebondissements et le rythme frénétique feront probablement augmenter votre tension artérielle. Mais vous aurez sans doute droit à la meilleure expérience de cinéma de l’année, avec ce film à voir absolument sur grand écran (avec 3 kilos de pop corn pour calmer vos nerfs). Après Okja et Velvet Buzzsaw, Jake Gyllenhaal s’aventure une nouvelle fois dans une performance divinement grotesque et camp as fuck. De Yahya Abdul-Mateen II à Garret Dillahunt, le reste du casting est également impeccable, et avec un dosage parfait entre humour, tension et émotion, les 136 minutes du film semblent presque trop courtes. Bref, du très grand divertissement.