6 films pour adolescents qu’on aurait aimé voir plus tôt

C’est un genre aussi adulé que décrié : les films pour adolescents. Ils ont longtemps été boudés par la critique qui n’y voyait que des films idiots pour jeunes filles (car oui, tout ce qui intéresse les adolescentes est forcément sans intérêt…). Mais qu’on les aime ou qu’on les déteste, ces œuvres jouent un rôle essentiel dans notre construction. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il est dommage que beaucoup sortent peu des sentiers battus niveau intrigue et représentation. Cela ne veut pas dire qu’on ne regarde plus Lolita Malgré Moi, Clueless ou The Breakfast Club avec plaisir mais il faut admettre que ces films ont des défauts.

Si les séries pour adolescents osent plus (Euphoria, Grand Army…), côté films, les choses changent lentement et la diversité commence un peu à se faire voir. En découvrant ces nouvelles œuvres plus inclusives à un âge avancé (bref, pas à 15 ans), on ne peut s’empêcher de regretter qu’elles n’aient pas vu le jour plus tôt. Voici 6 films pour ados qu’on aurait aimé voir pendant nos années lycée !

Avec Selah et les Spades, son premier long-métrage, la réalisatrice Tayarisha Poe nous livre un teen movie que l’on attendait depuis bien trop longtemps. Bienvenue à Hadwell, un internat en Pennsylvanie où les lycéens sont répartis dans des clans bien distincts. Les Sea, Skins, Bobbies, Prefects et pour finir les Spades qui sont chargés de l’alcool et la drogue. Oui, on a un peu l’impression d’être dans Le Parrain. À la tête de cette mafia adolescente, nous avons Selah Summers (Lovie Simone), aussi impitoyable qu’intelligente. Selah prend sous son aile la petite nouvelle de l’internat, Paloma (Celeste O’Connor) mais craint rapidement que cette dernière veuille lui voler sa couronne. En plus d’une photographie renversante, Selah et les Spades brille grâce à ses personnages. Celui de Selah en particulier est diaboliquement intéressant, c’est à la fois une adolescente aux nombreuses faiblesses et une businesswoman obsédée par le pouvoir. Il est malheureusement rare de voir la jeunesse noire représentée avec autant de soin et de complexité.

Autre teen movie phare de ces dernières années : Booksmart réalisé par Olivia Wilde. Ici nous suivons l’histoire de Molly (Beanie Feldstein) et Amy (Kaitlyn Dever), deux meilleures amies à la scolarité exemplaire mais qui n’ont pas vraiment profité de leur jeunesse. À l’aube de l’obtention de leur diplôme, elles sont prises de profonds regrets et vont vouloir rattraper le temps perdu… en une seule soirée ! Évidemment, rien ne va se passer comme prévu, Molly et Amy vont aller de fêtes en fêtes et se retrouver dans des situations vraiment hilarantes. C’est là toute la beauté de Booksmart, rien n’est exagéré ou surfait mais le film est rempli d’une authenticité rafraîchissante. Car contrairement à ce qu’Hollywood veut nous faire croire, les années lycée ne sont pas forcément remplies de fêtes où l’alcool coule à flot et de première fois au bal de promo. Plus que des archétypes, Molly et Amy sont des jeunes filles entières auxquelles il est facile de s’identifier.

Remontons un peu plus dans le temps avec Dernière année de Bo Burnham. Adieu le lycée, bienvenue dans les années encore plus ingrates du collège. Âgée de 13 ans, la jeune Kayla (Elsie Fisher) vit sa dernière semaine en Middle School – l’équivalent de notre collège – avant de devoir commencer le lycée. Mais Kayla n’a pas vraiment d’amis, elle est même élue « élève la plus discrète » par ses camarades. Dans le confort de sa chambre, Kayla fait des vidéos YouTube (qui n’ont pas vraiment de vues) dans lesquelles elle donne des conseils sur l’estime de soi. Mais en réalité, elle en manque terriblement et se sent seule. Regarder Dernière Année peut être inconfortable car le film représente avec authenticité une période que beaucoup d’entre nous préférons oublier. Avoir 13 ans, c’est compliqué d’autant plus pour la Gen Z qui doit grandir avec les réseaux sociaux. On veut avoir l’air cool quitte à faire des choses qui nous mettent mal à l’aise. Dernière Année parle de santé mentale, de sexualité et surtout, de consentement. Beaucoup se reconnaîtront d’une manière ou d’une autre dans le personnage d’Elsie et auront envie de lui dire « ne t’inquiète pas, tout finira par s’arranger ».

Rien qu’avec sa bande-annonce, Moxie nous avait emballé. Il faut dire que le pitch du film a tout pour plaire : Vivian Carter (Hadley Robinson) est une jeune lycéenne discrète qui décide de lancer une révolution féministe dans son lycée via la création d’un fanzine, Moxie. En plus d’un scénario basé sur l’envie de détruire le patriarcat, Moxie est réalisé par l’incroyable Amy Poehler que beaucoup connaissent grâce à son rôle de Leslie Knope dans la sitcom Parks and Recreation. L’enthousiasme provoqué par la bande-annonce ne s’est pas atténué une fois le film terminé. Il y a quelque chose de réconfortant dans le fait de voir une armée de lycéennes, toutes très différentes les unes des autres, se réunir pour une cause commune : détruire le statu quo qui règne dans leur lycée où une adolescente est renvoyée chez elle à cause d’un débardeur. Même si on regrette que Moxie n’aille pas plus loin dans l’intersectionnalité, le résultat reste drôle et touchant. Préparez-vous à avoir Rebel Girl de Bikini Kill en boucle dans la tête pendant plusieurs jours.

Comme de nombreux films pour ados, Love, Simon est à l’origine un livre – Moi, Simon, 16 ans, Homo sapiens de Becky Albertalli. Son adaptation cinématographique marque un véritable tournant dans le genre : pour une fois dans une comédie mainstream pour ados, le personnage principal est gay. Car oui, il a fallu attendre 2018 pour que la Fox produise un teen movie grand public où il est question d’homosexualité. D’ordinaire, les lycéens gay ou même de couleurs sont relégués au rôle de side kick drôle. Mais dans Love, Simon, Simon (Nick Robinson) est notre personnage principal à la vie très banale si ce n’est que personne ne sait qu’il aime les hommes. Anonymement, il discute avec un autre garçon de son lycée envers lequel il développe des sentiments. Evidemment, la situation va se compliquer et le secret de Simon va finir par se savoir. Love, Simon n’est pas parfait mais le film reste une étape importante dans la représentation des LGBT sur nos écrans. Une série spin-off tout aussi adorable est disponible sur Disney + depuis le 23 février : Love, Victor.

Terminons avec cette adaptation moderne d’un classique d’Edmond de Rostand : Cyrano de Bergerac. Oui, vous avez bien lu. Si tu savais… – réalisé par Alice Wu – suit Ellie Chu (Leah Lewis), une jeune lycéenne studieuse et timide. Elle fait la connaissance de Paul (Daniel Diemer), un sportif maladroit qui n’est pas très doué avec ses mots mais souhaite séduire la populaire Aster (Alexxis Lemire). C’est ici que la dimension Cyrano de Bergerac arrive : Ellie va aider Paul à se rapprocher d’Aster mais va aussi tomber amoureuse de la jeune fille. Comme Love, Simon, le film d’Alice Wu se démarque des films pour ados grand public en mettant en avant une lycéenne gay d’origine chinoise. Ce qui est encore plus intéressant dans le film est la relation entre Paul et Ellie. Il reste rare de voir une amitié entre une jeune lesbienne et un homme hétéro traitée avec autant de délicatesse et de douceur. Si tu savais… arrive à gentiment dévier de certains clichés habituels des teen movies. Mais surtout, il apporte une diversité bienvenue au genre.