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5 séries qui nous sensibilisent à d’importants enjeux contemporains
Je vous l’accorde : lorsqu’on regarde sa petite série, confortablement momifié.e dans son plaid, s’instruire n’est pas forcément au sommet de notre liste. Il n’empêche que cela fait parfois du bien de ressortir d’un programme avec l’impression d’avoir appris quelque chose, que ce soit sur le monde comme sur nous-mêmes. C’est pourquoi j’ai ici 5 séries qui vous permettront enfin de lier l’utile à l’agréable.
When They See Us (2019) : Le racisme
On commence avec l’adaptation télévisuelle d’une affaire qui secoue aujourd’hui encore la communauté afro-américaine : celle des « Central Park Five ». En 1989, ces cinq adolescents (4 jeunes noirs et 1 jeune hispanique) sont inculpés pour le viol nocturne d’une joggeuse à Central Park, non pas sur la base d’une culpabilité avérée, mais simplement parce qu’ils se trouvaient aux alentours pendant les faits. Il faudra attendre 2022, soit après plusieurs années de procès et d’incarcération, pour que le véritable agresseur se rende et que les cinq hommes soient finalement innocentés.
Cet engouement seul prouve le caractère encore très actuel du sujet que la série aborde.
Dans When They See Us, la réalisatrice Ava DuVernay nous entraîne dans les douloureux aléas de ce dossier avec une rare justesse qui nous laisse cette injustice en travers de la gorge. Dès sa sortie, et sans surprise, la minisérie Netflix connaît un foudroyant succès en décrochant le plus haut taux de visionnage aux États-Unis. Cet engouement seul prouve le caractère encore très actuel du sujet qu’elle aborde : des Central Park Five à Trayvon Martin en passant par Emmett Till, le seul crime d’une personne noire n’est souvent que d’avoir été au mauvais endroit au mauvais moment face à une personne remplie de biais racistes.
I May Destroy You (2020) : Le consentement
Continuons dans la souffrance, si vous le voulez bien, avec I May Destroy You, un bijou entre rires et crise de larmes signé Michaela Coel (Chewing-gum). Ici, il est question d’Arabella, écrivaine à succès et bonne vivante, qui se réveille un lendemain de fête et réalise qu’elle a été agressée sexuellement. S’ensuit un long chemin d’enquête, mais aussi d’introspection pour comprendre exactement ce qui s’est passé et comment s’en libérer de façon saine.
Station Eleven (2021) : La nature
Une grande oubliée des podiums malgré les thématiques importantes qu’elle aborde : je vous présente la série Station Eleven. Adaptée d’un roman éponyme de l’écrivaine canadienne Emily St. John Mandel, elle suit l’évolution post-apocalyptique d’une poignée de survivant.e.s après que 99 % de la population mondiale ait été déracinée par la propagation éclair d’une pandémie grippale. Rythmée par des flashbacks, la série suit sur plusieurs années l’éclosion d’une société qui apprend — ou réapprend — à vivre grâce à ce qui, apocalypse ou non, sera toujours éternel : l’art.
Black Mirror (2011) : La technologie
Oldie but goodie. Si je vous dis « ministre » et « cochon », je ne pense pas avoir besoin d’élaborer : ce traumatisme collectif du premier épisode de Black Mirror est encore très frais dans nos mémoires. Et c’est ici la force de cette série dystopie britannique qui nous dépeint un futur juste assez proche du nôtre pour le rendre palpable et juste assez éloigné pour que la technologie qui y est présente nous paraisse aussi fascinante qu’effrayante.
« Soft White Underbelly » : Drogues et itinérance
On termine avec une petite tricherie de ma part. En effet, contrairement aux quatre choix précédents, Soft White Underbelly n’est pas une série, mais une chaîne YouTube créée en 2016 par le photographe et réalisateur américain Mark Laita. Chaque vidéo dresse le portrait d’une personne anonyme qui, une fois installée devant l’éternel fond marron en arrière-plan, nous raconte sa vie sans filtre ni tabou, chaque mot plus bouleversant que le précédent. Un ex-membre de gang, une jeune femme bipolaire, un adolescent accro à l’héroïne, une addict du shopping ; sur ce compte, les profils se suivent, se complètent, mais jamais ne se ressemblent. Et la mosaïque humaine qui en ressort est, à mes yeux, toute aussi profonde et efficace que ne le serait un documentaire Netflix.
visionner ces morceaux de vie nous aide à déceler les failles anodines et systémiques par lesquelles ce mal s’immisce.
De plus, la plupart des témoignages sont ceux d’itinérant.e.s de Skid Row, ce quartier refuge des sans-abris et des personnes dépendantes à Los Angeles. Des profils souvent ostracisés de la société que la chaîne réhumanise en leur donnant non simplement une place centrale, mais une parole. Jamais l’épidémie de drogue n’a autant sévi à échelle globale qu’en cette période de post-pandémie, mais visionner ces morceaux de vie nous aide à déceler les failles anodines et systémiques par lesquelles ce mal s’immisce. Des failles qui peuvent se manifester dans la vie de tout le monde, même celles et ceux campé.e.s dans leur mépris.