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5 livres à dévorer en juin
«Le goût du livre est enfanté par le goût de la lecture et il ne faut pas que le goût de la lecture soit entravé par les apparences repoussantes du livre». Ce que veut dire Jules Richard, c’est que certes, mater un film sur Netflix est plus attrayant que d’ouvrir un livre, mais qu’il ne faut pas vous laisser décourager par la couverture. Bref, «Don’t judge a book by its cover».
Voici cinq livres en lien, ou pas, avec l’actualité qu’on vous conseille de dévorer en juin.
Chroniques d’un enfant du pays, James Baldwin
Que signifie être noir en Amérique dans les années 1950 ? C’est la question à laquelle James Baldwin tente de répondre à travers cet essai autobiographique. Dans son livre, il retrace son parcours, sa propre histoire et ses pensées critiques envers une société qu’il tente de comprendre.
Ce qui est surprenant dans ce livre, c’est que James Baldwin ne s’arrête pas aux préjugés liés au fait d’être né noir en Amérique. Il les critique et les détruit pour laisser place à la vérité et nous livrer une réflexion d’une rare clairvoyance sur sa propre situation.
À travers son livre, il aborde des sujets tels que la religion, l’amour, la presse, ou encore la politique en mêlant ses réflexions et ses expériences personnelles dont il dit qu’elles sont les seules choses sur lesquelles on peut écrire.
Chronique d’un enfant du pays est finalement devenu un ouvrage intemporel, au regard de la situation actuelle aux États-Unis. Ça ne peut pas nous faire de mal de lire, ou de relire, ce genre de chef-d’œuvre…
Dire non ne suffit plus, Naomi Klein
Ce n’est pas le premier ouvrage de cette journaliste canadienne. Après No Logo, une enquête qui met à mal les stratégies des plus grandes marques, Naomi Klein s’attaque à l’investiture de Donal Trump à la Maison Blanche.
Son livre s’attarde à analyser la destruction de l’état-providence pour en arriver à imposer les valeurs du capitalisme en s’attaquant à des communautés vulnérables. Autrement dit, elle parle longuement des minorités, telles que les noirs ou les pauvres d’Amérique qui n’ont pas les moyens de lutter.
Il s’agit d’un livre très pédagogique. Vous pensiez tout savoir sur la stratégie Trump ? Détrompez-vous. Naomi Klein vous propose une série d’outils précis et tranchants pour comprendre comment il a réussi à devenir président des États-Unis.
Lisez-le, ça fait réfléchir sur notre propre responsabilité.
La haine qu’on donne, Angie Thomas
On est d’accord, le titre en anglais est vraiment plus sexy (The hate u give), mais le fond reste le même.
C’est l’histoire de Starr, une adolescente noire qui vit aux États-Unis. Le soir, elle habite dans un quartier difficile, au milieu de la drogue, de la pauvreté et de la violence des gangs tandis que la journée elle se rend dans les quartiers blancs pour aller au lycée. Tout déraille lorsque son meilleur ami d’enfance est tué sous ses yeux par un policier.
La discrimination raciale. Voilà le cœur du sujet de ce livre. Alors certes, c’est un roman pour ados, et pourtant il met des mots justes sur ce qui se passe encore aujourd’hui aux États-Unis.
Le livre d’Angie Thomas veut clairement faire passer un message : servez-vous de vos mots, de vos corps, de vos mains et de vos têtes pour dire, crier, hurler ce qui se passe sous vos yeux. Car ne n’est pas juste.
C’est un livre douloureux à lire. À chaque page qui se tourne, on ressent l’injustice, la peur, la colère, les violences. On prend trois claques, mais ça fait du bien, car c’est la réalité.
Le rêve de Sam, Florence Cadier
C’est l’histoire d’un jeune garçon noir, vivant aux États-Unis dans les années 60, au moment de la révolte pacifiste des noirs américains. À cette époque, les blancs sont racistes et la ségrégation raciale est encore virulente.
Tout le génie de Florence Cadier réside dans la façon qu’elle a de raconter l’histoire du jeune Sam en l’intégrant à l’histoire qui se trame sous nos yeux, dans la réalité. Les personnages de fiction côtoient les personnages historiques.
C’est comme ça qu’on entend les noms de Rosa Parks, lorsque Sam assiste à une scène ou sa tante, Rosa, refuse de se lever pour céder sa place dans le bus à des blancs. Sam fait également la rencontre d’un certain Martin Luther King, un homme qui lutte contre le racisme…
Ce livre nous permet de nous rendre compte du déroulement de cette rébellion pacifiste. À travers les mots de Florence Cadier, on ressent cette volonté de se battre sans violence pour des droits légitimes. Une belle leçon de vie.
De sang-froid, Truman Capote
On change de registre et on revient aux classiques avec un incontournable. Le roman est inspiré de faits réels: en 1959, les quatre membres d’une famille se font assassiner, sans aucun motif apparent, par ce qui semble être, deux bandits.
La petite anecdote intéressante qui fait toute la splendeur du livre, c’est l’investissement personnel de Truman Capote. En effet, l’écrivain a découvert le fait divers dans la presse et a décidé d’aller enquêter lui-même sur ce meurtre. Il a interrogé les bandits, les habitants, recoupé les informations et joué au vrai détective pour être en mesure de nous donner les moindres détails de l’assassinat.
La force de Truman Capote, c’est qu’il parvient à nous faire entrer sur la scène du crime, dans la tête des tueurs ou dans la rue du village à tout moment. Autrement dit, on s’y croit vraiment. Les personnages, les décors et l’ambiance, tout semble réel.
Il parvient également à dresser un véritable portrait psychologique des assassins. Qu’est-ce qui peut pousser deux hommes (plutôt normaux) à tuer quatre membres d’une même famille sans aucune raison ? Vous allez voir, on finit par se dire qu’on en serait capable nous aussi…