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5 films que vous avez peut-être ratés en mars

Des thrillers lents, des thrillers pas lents, et un Oscar du meilleur film.

Par
Anaïs Bordages
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Roses are red, violets are blue, les films sont bons en ce moment, c’est un truc de fou. Si vous les aviez ratés, voici quelques excellents longs métrages qui ne devraient surtout pas échapper à votre radar.

Si vous voulez stresser: À plein temps

Personne n’avait couru aussi vite dans les rues de Paris depuis Mission Impossible : Fallout. Dans À plein temps d’Eric Gravel, Julie, mère célibataire perpétuellement au bord du naufrage, court partout, tout le temps, sans jamais reprendre son souffle. Ce qui ne l’empêche pas d’arriver en retard, et de décevoir tout le monde au passage.

Julie vit à la campagne, avec ses deux enfants qu’elle élève seule. Dès le réveil, elle doit s’activer : préparer le petit déjeuner, repasser les habits, s’assurer que le chauffe-eau n’est pas en panne, fourrer son repas de midi dans un tupperware… Avant de partir prendre le train pour Paris, où elle travaille comme femme de chambre dans un hôtel de luxe. Son quotidien est millimétré, ses enfants difficiles à gérer, et le silence radio de son ex n’arrange pas les choses. Un équilibre déjà précaire qu’une grève des transports va venir bousculer.

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Plongée dans la semaine infernale de cette mère qui peine à joindre les deux bouts, À plein temps est un thriller étouffant qui ne relâche jamais la pression. Quant à Laure Calamy, toujours excellente, elle livre ici une nouvelle performance engagée – et ses nombreux sprints n’auront pas été en vain, puisqu’elle a été récompensée par le prix Orizzonti de la meilleure actrice lors de la Mostra 2021 de Venise.

Si vous voulez de l’émotion: La Mif

Ce film de Frédéric Baillif, à l’aspect quasi-documentaire, nous emmène dans un foyer d’accueil pour adolescent•es en Suisse. Lorsque l’une des ados est surprise en plein acte sexuel avec un garçon mineur, le quotidien du foyer est bouleversé et pousse certains éducateurs à la remise en question.

La force du film tient à son impeccable casting, qui a été poussé à improviser lors du tournage. Du côté des jeunes filles du foyer, les actrices débutantes Kassia Da Costa, Charlie Areddy ou encore Joyce Esther Ndayisenga impressionnent par leur vulnérabilité. Quant à Claudia Grob, dans le rôle d’une éducatrice elle-même sur le point de craquer, elle porte le film grâce à une performance magnétique et pleine d’empathie. Sans manichéisme ni misérabilisme, La Mif est l’illustration des nombreux dysfonctionnements et imperfections que l’on peut rencontrer dans le système d’accueil. Mais aussi de la nécessité de celui-ci: comme son nom l’indique, le film est aussi et surtout le portrait d’une famille compliquée, avec ses joies, ses peines, et ses nombreux moments de grâce.

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Si vous voulez tout envoyer péter: Rien à foutre


Adèle Exarchopoulos prouve une nouvelle fois toute l’étendue de son talent dans cette comédie loufoque et mélancolique d’Emmanuel Marre et Julie Lecoustre, sur une hôtesse de l’air à la dérive. En quête de sens depuis un deuil qu’elle ne parvient pas à surmonter, l’héroïne erre de mission en mission, alors que la compagnie low-cost pour laquelle elle travaille fixe des objectifs de plus en plus difficiles à atteindre. Malgré une deuxième partie un peu moins aboutie, Rien à foutre est un film singulier, qui raconte à la perfection l’absurdité d’un monde du travail de plus en plus déshumanisant.

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Bonus streaming…

Si vous voulez pleurer: CODA (Apple TV+)

Il paraît que le couronnement de CODA aux Oscars 2022 n’était pas l’événement le plus discuté de la soirée. Dommage, car la victoire du film de Sian Heder marque malgré tout un tournant à Hollywood: c’est le premier film avec un casting majoritairement sourd à remporter la statuette suprême. On y suit l’adolescente Ruby, seule membre de sa famille à être entendante, qui rêve d’aller étudier le chant à l’université.

Si vous aviez déjà vu La Famille Bélier, vous aurez reconnu le pitch: CODA est son adaptation américaine (en anglais, l’acronyme signifie «child of deaf adult»). Ici, les chansons de Michel Sardou ont été remplacées par celles de Joni Mitchell, mais les changements ne s’arrêtent pas là. L’excellente version de Sian Heder vient aussi corriger certains défauts de l’original, notamment en mettant en scène des acteurs sourds: Marlee Matlin (oscarisée en 1987), Daniel Durant, et Troy Kotsur, qui a quant à lui reçu l’Oscar du meilleur acteur ce 27 mars. Dans le rôle de Ruby, la jeune Emilia Jones est aussi très charismatique. Il faut garder en tête que le film n’a pas été entièrement plébiscité par la communauté sourde, accusé par certains de présenter la surdité avant tout comme une charge pour les proches entendants. Mais il a au moins ouvert la porte à une plus grande diversité de talents à Hollywood, et offre un divertissement aussi touchant que réjouissant, parfait pour les dimanches soirs pluvieux.

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Si vous voulez glousser: Eaux Profondes (Amazon Prime Video)

Adrian Lyne, réalisateur de Liaison Fatale et 9 semaines ½, revient après vingt ans d’absence pour diriger ce thriller érotique inspiré d’un roman de Patricia Highsmith. Il faut l’avouer, on est bien loin des classiques du genre de Verhoeven ou De Palma, et Eaux Profondes n’est ni particulièrement érotique, ni vraiment palpitant. Mais tout l’intérêt de ce film agréablement naze repose sur l’alchimie entre les deux acteurs principaux (qui se sont mis en couple pendant le tournage).

Vêtue de tenues toutes plus luxueuses et affriolantes les unes que les autres, Ana de Armas incarne la Femme La Plus Canon Du Monde, tandis que Ben Affleck joue son mari un peu coincé qui élève des escargots et qui peut-être, peut-être pas, tue des gens… Ajoutez à ça des seconds rôles de choix (Tracy Letts, Jacob Elordi, Lil Rel Howery), et un adorable petit chien: que demander de plus ?

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Mieux que l’algorithme

Si vous avez aimé The Power of the Dog (Netflix), vous aimerez… Burning (Mubi)

A priori le film de Jane Campion, récompensé par l’Oscar de la meilleure réalisation il y a quelques jours, n’a pas grand chose en commun avec celui de Lee Chang-dong, sorti en 2018. Le premier se déroule dans l’Ouest américain en 1925, l’autre en Corée du Sud de nos jours. Pourtant ces deux excellents films, thrillers psychologiques à combustion lente, partagent la même vibe troublante, mystérieuse et discrètement sensuelle.

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The Power of the dog suit une femme et son fils, qui se retrouvent persécutés par un cowboy du Montana rongé par la rancœur et les secrets. Burning, c’est l’histoire d’un jeune Coréen timide, pauvre et peu sûr de lui, qui tombe amoureux d’une ancienne camarade de classe, mais se sent menacé par un rival qui semble avoir tout ce qu’il n’a pas: de l’argent et de l’assurance. Les deux films partagent de nombreux éléments, notamment des triangles amoureux inquiétants, des scènes de masturbation secrète, d’époustouflants crépuscules, et surtout, une fine réflexion sur la masculinité. Mais ce sont aussi et surtout deux superbes films atmosphériques, où la tension monte lentement en puissance pour exploser de manière inattendue. Bref, si vous avez aimé le western sensible de Jane Campion, laissez sa chance à Burning.

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