.jpg)
5 conseils financiers paternalistes qu’il faut arrêter de donner aux femmes
Même si ma grand-mère était veuve, qu’elle avait un emploi et cinq enfants, ce n’est qu’en 1964 qu’elle a eu le droit d’ouvrir un compte bancaire à son nom et de gérer son propre argent. Je dois dire que deux générations et 60 ans plus tard, quelle joie d’être une femme avec une carte de crédit.
À nous, le pouvoir et la fortune ! Et les cryptobros paternalistes qui essaient de nous impressionner avec leur portefeuille d’investissement. Et les stéréotypes sur nos capacités en maths et nos habitudes frivoles. Et l’écart de rémunération avec les hommes. Et l’espérance de vie plus élevée avec un fonds de pension plus petit.
finalement, être une femme avec un compte en banque, en 2024, ce n’est toujours pas la panacée.
En attendant une nouvelle révolution et parce qu’il vaut mieux en rire, voici les 5 conseils les plus paternalistes que les femmes entendent à propos de leurs finances. Attention à ne pas vous faire trop mal aux globes en roulant des yeux.
« L’indépendance financière se trouve dans les PROMOS »
Ne vous y méprenez pas, j’adore les bons deals et les coupons rabais. Cela dit, personne ne me fera avaler que la solution à mes problèmes financiers se trouve dans une pub non-désirée dans ma boîte aux lettres.
Le problème, c’est que les conseils financiers adressés aux hommes les stimulent à gagner plus d’argent, alors que ceux qui s’adressent aux femmes les encouragent à faire des économies.
Et si, au lieu d’investir plusieurs heures par semaine dans la chasse aux aubaines, on nous conseillait plutôt de parcourir les offres d’emploi avec un meilleur salaire que le nôtre ? Et si le coût de l’alimentation cessait d’augmenter de 5% chaque année ? Et si les femmes ne portaient pas la majorité de la charge financière et mentale des courses et des repas ?
Là, on pourrait peut-être dire qu’elles ont un bon deal.
« MOLLO SUR LES LATTéS »
C’est de loin le conseil financier le plus iconique adressé aux milléniaux (et particulièrement, on va se le dire, aux milléniales) :
Si seulement vous arrêtiez de noyer votre salaire dans vos pumpkin spice lattes insignifiants, vous seriez millionnaires avant votre retraite.
En effet, dans son bestseller Le facteur latté, David Bach nous raconte l’histoire de Zoey, une jeune New-Yorkaise ensevelie sous les dettes et pas trop trop débrouillarde avec ses sous. Heureusement, Henry, le vieux barista de son café préféré à Brooklyn, est là pour la prendre par la main et lui enseigner les secrets de l’indépendance financière :
« Ma jolie, tes petits lattés et tes toasts aux avocats, tu ferais mieux de les préparer à la maison ! Et cette maison, tu pourras te l’acheter parce qu’économiser 5 euros par jour va te permettre, comme par magie, de payer une dette étudiante, un apport financier et obtenir un prêt immobilier à taux intéressant. Quoi ? Le calcul ne fonctionne pas ? Oups, on dirait que j’avais juste envie de dire à une femme de retourner dans sa cuisine. »
« Manucure, coiffure, maquillage… en avez-vous vraiment besoin ? »
Ah, les femmes ! Obsédées par leur apparence et toujours prêtes à dilapider la paie de leur mari dans des dépenses superficielles, pas vrai ? Écoutez, personnellement, je n’aurais pas d’objection à ce qu’on réduise tous.tes notre hygiène quotidienne à une douche et 2-3 brossages de dents.
Malheureusement, pour les femmes, c’est tout simplement un mauvais conseil financier. Selon les études, les femmes « attirantes » ont de meilleurs salaires que les autres. Et ce n’est pas nouveau, puisque les standards de beauté ont toujours été parfaitement absurdes. Monter les échelons professionnels en tant que femme, c’est déjà un défi en soi.
Si une bonne coupe de cheveux et un teint uniforme nous aident à y parvenir, je demanderais respectueusement à Pierre-Yves BALOCHARD de garder ses conseils sur les dépenses inutiles pour lui.
« Choisissez un emploi qui permet une bonne conciliation famille-travail »
Assumer la majorité des soins des enfants et de la proche aidance, c’est la réalité d’un bon nombre de femmes. C’est donc tout naturel qu’on leur conseille de bien penser aux possibilités de conciliation famille-travail qui viendront avec la carrière qu’elles envisagent.
Et si tous les emplois permettaient une bonne conciliation famille-travail, pas seulement ceux qui sont typiquement féminins ?
Et si les femmes avaient l’opportunité de choisir leur emploi en fonction de leur potentiel, et non en fonction des obligations que la société patriarcale met sur leur dos ?
Le plus drôle, c’est lorsque ce conseil est couplé avec le suivant.
« Travaillez plus ! »
C’est logique, l’écart salarial entre les hommes et les femmes s’explique par le fait que les femmes travaillent en moyenne moins d’heures, et interrompent plus souvent leur carrière pour prendre soin de leurs enfants ou de leurs parents. Mesdames, et si vous arrêtiez tout simplement d’être paresseuses ? Prenez plus d’heures au boulot, vous gagnerez plus d’argent !
L’avantage des conseils financiers patriarcaux, c’est leur capacité d’aveuglement total pour tout ce qui concerne le travail invisible des femmes, indispensable pour la société, mais pas pour autant rémunéré.
Dans tous les cas, c’est de notre faute. Si on est pauvres, c’est qu’on ne travaille pas assez. S’il y a un déficit démographique et que les enfants sont trop sur leur tablette, c’est parce qu’on travaille trop.
Sur ce, bonne Journée internationale des droits des femmes !