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3 questions à Luz

Par
Simon
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Pour sa BD Deux filles nues, Luz a (enfin) reçu le Fauve d’or à Angoulême. Il y parle d’un tableau d’Otto Müller, pourchassé par les nazis. True story. Le tout, du point de vue du tableau… Un tour de force au mille lectures possibles.

Tu as voulu prendre le marché de Joann Sfar et Riad Sattouf ?

(rires) Non, parce qu’ils font ça très bien. J’ai surtout envie de continuer un travail de vigilance qui a commencé avec Maus d’Art Spiegelman. Je pense que j’ai voulu mettre le lecteur et la lectrice à la place de quelqu’un qui naît ou qui renaît, parce que moi, à un moment donné, j’ai pu renaître. C’est un livre qui parle aussi de « qu’est-ce que c’est que d’apparaître aux yeux des autres ? ». Et une des envies, c’était de travailler sur l’art dégénéré. À Charlie, l’art dégénéré était toujours là. Travailler sur l’actualité, c’est aussi questionner la porosité qu’on a avec l’actualité. Jusqu’au jour où c’est vous qui faites l’actualité. Qu’est-ce que c’est que passer de l’autre côté du tableau ?

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Il n’y a pas de colère dans tes livres. Jamais. En parlant du nazisme, ta zénitude atteint son point Goldwin.

Tu peux faire du dessin de presse avec de la colère, parce que tu jettes un trucs, tu passes quelques heures avec et tu passes à autre chose. Quand tu fais un livre, tu te lèves le matin et tu as rendez-vous avec ton livre. Je suis obligé d’avoir des personnages avec qui je ne suis pas d’accord, mais on ne peut pas faire un livre uniquement avec le sourcil froncé. On a besoin de dialogué, on a besoin de comprendre. Le seul personnage que j’ai dessiné en colère c’était Marilyn Monroe, justement parce qu’on ne l’a jamais vue en colère.

Le plus important dans le dessin, c’est ce qu’on montre ou ce qu’on décide ne pas montrer ?

Oui, et le silence c’est de la musique. Je pense pas que ce soit une question d’importance, de l’un ou de l’autre. Mais il faut que le lecteur ou la lectrice sache qu’il y a encore quelque chose à inventer. Qu’il y a un espace. Je me suis plongé dans l’histoire d’un tableau, et dans les blancs de cette histoire il y avait la possibilité de faire une fiction, et dans les blancs de cette fiction, il y avait la possibilité de se raconter les uns les autres.

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Deux filles nues, une BD de Luz dispo chez Albin Michel.