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Si je devais dresser l’historique de mes power moves de développement personnel, je pense que ça commencerait par la journée où j’ai décidé que je n’irais plus aux réveillons de famille.
C’est une décision que je ne regretterai jamais, parce que c’était un geste d’écoute significatif envers mes besoins. Ça allait à l’encontre de ce que le décorum de Noël attendait de moi. C’était aussi une décision financièrement et personnellement viable malgré le fait qu’elle ait pu froisser quelques personnes (bien malgré moi, puisque j’aime ma famille), car j’ai découvert une panoplie d’avantages dans le fait de travailler le 25 décembre.
1. Parce que le concept du réveillon ne me convient pas et que le travail est une sacrée bonne excuse
Je vais le répéter quelques fois durant ce texte, mais le fait de poursuivre mes activités professionnelles le 25 décembre n’est pas une vendetta contre ma famille. C’est simplement que je fais de l’anxiété sociale, et que je suis donc plus du type « petite soirée » que gros réveillon avec tout le monde. J’organise d’ailleurs beaucoup de rencontres individuelles ou en petits groupes avec les membres de ma famille tout au long de l’année pour excuser mon absence à Noël. Le but n’est pas de ghoster les membres de ma famille, mais plutôt de les voir dans un contexte où je saurai apprécier leur présence en étant à l’aise.
Je suis loin d’être le seul à faire de l’anxiété durant les réveillons. Et comme avec toute autre forme d’anxiété, l’anxiété sociale vient avec la pression de devoir expliquer notre évitement aux gens. Ce n’est jamais plaisant, sauf quand on a une bonne excuse. C’est là que le job entre en jeu.
Expliquer son angoisse dans une situation de small talk, ça peut prendre plusieurs pénibles heures. Par contre, dire qu’on travaille et qu’on doit donc s’absenter, ça prend gros max 4 minutes.
Les gens ne peuvent pas débattre avec votre boss qui n’est pas présent.e dans la conversation. Vous êtes à l’horaire ou votre demande de congé a été refusée, c’est tout. Ça ne peut littéralement pas aller plus loin comme débat et si quelqu’un de votre famille continue de s’obstiner après ça, c’est alors automatiquement de la mauvaise foi et tout le monde va soudainement comprendre pourquoi vous n’aimez pas parler avec lui le 25 décembre. Le problème sera donc réglé pour une deuxième fois.
2. Parce que c’est payant !
Il y a de très bonnes chances que vous soyez payé.e à temps double si vous travaillez le 25 décembre. Personnellement, je n’ai jamais arrêté de trouver ça complètement génial.
J’ai réalisé ça à 17 ans quand j’ai vu que personne n’était disponible pour travailler au club vidéo (oui, je suis vieux) où j’étais employé. J’ai donc accepté un quart de quatorze heures, dont les huit premières étaient déjà à temps double pour ensuite tomber à temps triple.
Ado Vincent n’a peut-être pas reçu ses cadeaux la journée prévue, mais il a fait assez d’argent pour s’offrir une console de jeu après son très long quart. C’était, pour l’époque, ce qu’on appelle la magie de Noël.
Blague à part, il y a un aspect logique à travailler le 25 décembre qu’on a tendance à enterrer sous ce que j’appelle des dettes affectives. On attend de nous de préférer réveillonner plutôt que de faire plein d’argent. C’est la position morale socialement acceptable de vouloir coûte que coûte passer du temps en famille cette journée-là. Pourtant, il n’en tient qu’à nous de nous organiser tout le reste de l’année pour voir nos êtres chers. Techniquement, vous pourriez réveillonner tous les jours, mais le double salaire, c’est accessible juste quelques jours par année, dont le 25 décembre.
3. Parce que c’est une bonne occasion de se sentir super utile
À moins que cet article soit le coup d’envoi d’une révolution contre les Fêtes telles qu’on les connaît (ce qui est zéro le plan), je ne pense pas que les réveillons disparaîtront de sitôt.
Il y aura toujours un phénomène de rareté de main-d’œuvre le 25 décembre dans un contexte historique où c’est déjà compliqué de trouver du personnel en temps normal. Les gens qui décident de travailler le 25 décembre ont donc tous les droits de se sentir excessivement utiles.
Certains commerces et services qui répondent à des besoins essentiels ne peuvent pas se mettre sur pause sous prétexte que c’est la fête de Jésus. Prenons par exemple les hôpitaux, les pharmacies ou les refuges pour animaux. Je fais du bénévolat dans un refuge pour chats chaque 25 décembre depuis quelques années. Oui, je sais, deux fois pas de salaire, ça reste une absence de salaire, mais les chats ont besoin de nourriture et d’eau fraîche tous les jours. Les bénévoles qui sont là toute l’année méritent une pause.
On passe donc un Noël très low staff, mais en sachant qu’il y avait du travail et qu’on y est arrivé !
Même si la bûche de grand-maman est absolument délicieuse, elle ne provoque pas en moi le sentiment d’accomplissement d’avoir nourri et hydraté 72 félins qui avaient faim le soir de Noël.