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2017 en musique: Luis Fonsi, Charlotte Cardin et l’heure de gloire du hip-hop
Pour célébrer la fin de la décennie, on jette un coup d’œil sur les artistes qui ont marqué chacune de ses années. Nous voilà déjà rendus à l’année 2017, où je suis profondément fatiguée d’entendre parler de fake news à tous les jours.
À la fin de l’année, un énorme mouvement ébranle les milieux culturels. #MeToo, c’est vraiment le point culminant de décennies de luttes plus qu’une explosion soudaine. Les effets se feront sentir dans tous les milieux culturels, mais la musique semble moins affectée. La vague de dénonciation va mettre fin à la carrière de quelques artistes, mais n’empêchera pas un producteur comme Dr. Luke de continuer à faire de la musique. Idem pour la nouvelle sensation XXXTentacion, qui est alors presque autant connu pour gueuler fort sur ses chansons que pour ses accusations de violence envers des femmes. Les effets du mouvement se feront plutôt sentir dans les années à venir, alors que la patience envers les paroles sexistes sera de plus en plus courte.
Le hit de l’année
Oui, Shape Of You d’Ed Sheeran est la chanson la plus streamée de 2017 sur Spotify. Mais soyons honnêtes : elle n’a pas créé l’événement comme Despacito a pu le faire à l’été. La pièce de Luis Fonsi et Daddy Yankee était un véritable phénomène comme on n’en voit presque plus. Si bien qu’au Bye Bye 2017, on se sent obligés de faire une parodie de Despacito sur le fait que Despacito était partout.
Et puis, il faut se mettre en contexte. En 2017, on a droit à un président américain qui tient des propos carrément racistes envers les Mexicains et qui manque foutrement de respect pour les communautés latinos de son pays. Alors de voir une chanson en espagnol atteindre le numéro uno aux États-Unis, et y rester durant 16 semaines, c’est un sacré pied-de-nez. Au mois d’août, le clip devient la vidéo la plus regardée de l’histoire de YouTube, distinction qu’elle possède encore. Au moment d’écrire ces lignes, Despacito avait 6,5 milliards de vues. Deux milliards de plus que No Scrubs, Cheap Thrills, Shape Of You.
Autres succès
À force de faire de la bonne musique, Kendrick Lamar réussit enfin à devenir une icône pop. Et tout ça, sans dénaturer son hip-hop de haut calibre. Non seulement Humble atteint la première place du Billboard, elle vole la vedette dans toutes les listes de fin d’année. On donne aussi un gros coup de cœur au vidéoclip absolument dingue qui accompagne la pièce.
En fait, le hip-hop est à peu près partout en 2017. Au début de l’année, Bad and Boujee permet aux gars de Migos de bien gâter leurs copines. Quoique la femme d’Offset n’en a plus besoin : Cardi B commence à remplir ses propres coffres avec la sortie de Bodak Yellow. Ajoutons à cela le succès de Mask Off de Future et de Redbone de Childish Gambino et on peut dire que les rappeurs ont la côte comme jamais.
À l’autre bout du spectre, Kesha frappe un grand coup avec Praying. Déjà, la chanson en surprend plusieurs, qui ignoraient que l’ancienne chanteuse trash n’avait ni voix ni talent. Mais surtout, après des années de luttes judiciaires pour se défaire de l’emprise du producteur Dr. Luke énoncé plus haut, elle fait preuve d’une résilience hors du commun sur la pièce.
Au Québec
Patrice Michaud continue d’accumuler les succès en 2016. Sa chanson Kamikaze est nommée chanson populaire de l’année au gala de l’ADISQ. Au même gala, le jeune Émile Bilodeau rafle le prix de révélation de l’année. L’auteur-compositeur-interprète séduit un jeune public avec un chant joual bien assumé et un folk-rock bien franc. Sa pièce J’en ai plein mon cass deviendra son plus grand succès à ce jour.
Le trio Loud Lary Ajust s’est désintégré au moment où le rap Québécois commençait enfin à atteindre le niveau supérieur. Qu’à cela ne tienne, Loud s’en tire drôlement bien en solo grâce à la chanson 56k. À la fin de 2017, il fait paraître Une année record. Il faudra toutefois attendre 2018 avant que la folie Loud ne s’empare vraiment du Québec. Pendant ce temps, sa future collaboratrice Charlotte Cardin poursuit son ascension. Après la succès de sa pièce Les échardes, l’ancienne candidate à La Voix lance un deuxième EP. Main Girl, chanson-titre du projet, accumule les écoutes par millions.
Succès critiques
Après quatre ans d’attente, Lorde effectue enfin un retour sur disque en 2017. Un peu comme ce fut le cas pour Carly Rae Jepsen deux ans avant, Lorde ne parvient pas tout à fait à recréer le succès de sa pièce Royals. Le premier extrait Green Light ne peut faire mieux qu’une 19e place aux États-Unis : elle percera tout juste le top 10 au Canada. Qu’à cela ne tienne, la Néo-Zélandaise livre avec Melodrama le meilleur disque pop de la décennie. L’album concept voit Lorde vivre les conséquences d’un party arrosé, où la solitude prévaut malgré toutes les personnes qui dansent dans le salon. De l’énergique Homemade Dynamite à la ballade brûlante Liability, l’autrice-compositrice-interprète démontre qu’elle n’est pas un feu de paille. Et puis bon, dans dix ans, je ferai encore jouer Green Light dans mes soirées.
2017 est autrement une année variée pour les mélomanes. D’un côté, les vétérans shoegaze de Slowdive réussissent leur pari avec un premier album en plus de vingt ans. LCD Soundsystem parvient aussi à dépasser les attentes avec American Dream, premier album du projet de James Murphy après avoir tiré la plug quelques années plus tôt. Dans un style plus épuré, Julien Baker propose des chansons simples mais déchirantes avec Turn Out the Lights. Frissons garantis.
Plus près de chez nous, Peter Peter offre un nouvel album fort intéressant avec Noir eden. Les années ont beau eu s’envoler depuis son dernier album, il a toujours le flair pour créer des ambiances sombres sous les néons, grâce à une synthpop dont lui seul a le secret. Dans un style complètement différent, le Congolais d’origine Pierre Kwenders mêle musique électronique et pop à des influences africaines. Véritable polyglotte, le chanteur rapproche de nombreuses cultures sur Makanda at the End of Space, the Beginning of Time.
Enfin, Charli XCX connait une année plus que productive. En 2017, elle est dans sa zone, prête à envoyer sa pop futuriste tout droit dans la stratosphère. La chanteuse britannique fait paraître pas un, mais deux mixtapes. Désintéressée par la pop commerciale, elle s’associe aux producteurs avant-gardistes de la troupe PC Music. Des deux projets, Pop 2 change le visage de la musique pop underground, si ce terme peut faire du sens. Si bien que deux ans plus tard, une nouvelle vague d’artistes commence déjà à parler du mixtape comme d’une porte d’entrée pour leur univers.
Au travers de tout ça, elle fait aussi paraître la pièce Boys, qui devient incontournable dans les listes de fin d’année. Dans cet extrait, Charli exprime très explicitement son amour hétérosexuel pour les garçons. La chanson devient un hymne queer du jour au lendemain. Pendant qu’elle est busy thinking about boys, je passe mon année occupée à penser à elle.