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Chaque année, elle commence trop tôt. La saison des téléfilms de Noël est déjà là, avec ses romances sur fond de sapins enneigés, ses lutins et ses petites villes américaines qui n’existent nulle part ailleurs. Plutôt que de vous laisser aspirer par ce gouffre télévisuel d’où résonnent déjà les chants de Noël et le froissement du papier cadeau, on vous propose de plonger dans un autre thème abordé maintes fois au cinéma : l’adolescence. Retour sur l’une des rares périodes de la vie à inspirer ce mélange si particulier de nostalgie et de cringe, avec toujours cette intensité émotionnelle inégalée, à travers 10 teen movies qui méritent bien un (re)visionnage.
Jennifer’s Body (2009)
Avec Megan Fox dans le rôle-titre, Jennifer’s Body s’ouvre sur un groupe de musiciens sans succès qui compte sur le sacrifice d’une vierge pour connaître enfin la gloire et les paillettes. Sauf que Jennifer n’est plus vierge depuis longtemps et qu’au lieu de servir le culte d’une bande de misogynes, la lycéenne se transforme en créature assoiffée de sexe et de sang masculin. Un sort qui ne lui est pas non plus favorable, mais qui permet au moins de la voir dévorer tous les mecs qui tentent de coucher avec elle.
But I’m a Cheerleader (1999)
L’histoire d’une pompom girl plus attirée par ses copines que par son mec, footballeur et amateur de roulage de pelles avec beaucoup, beaucoup de langue. Megan, campée par Natasha Lyonne, est envoyée en thérapie de conversion où les mecs doivent s’habiller en bleu, les filles en roses et où surtout, elle prend conscience de son lesbianisme. Heureusement, la résistance – et la liberté – existe, et son QG s’appelle le Cock Sucker. C’est génial, drôle et touchant.
Grave (2016)
Changement d’ambiance avec le premier long-métrage de Julia Ducournau (qui réalisera plus tard Titane et filera des nausées lors de sa projection à Cannes), qui se plante non pas dans un lycée coloré mais dans les bâtiments gris de la clinique vétérinaire de Liège. Justine, élevée dans une famille végétarienne, goûte pour la première fois à la viande pendant son bizutage, où elle doit manger un foie de lapin cru. Le film bascule alors dans le body horror, puisque Justine réalise qu’elle aime la viande et développe un appétit vorace pour la chair humaine.
Virgin Suicides (1999)
Obligée de mentionner le bijou de Sofia Coppola, tiré du roman de Jeffrey Eugenides, qui imprime la rétine et l’esprit. La photographie vaporeuse, la fascination des garçons, la chambre partagée qui contient les filles et leurs désirs. Et bien sûr les sœurs Lisbon, insaisissables et elliptiques.
Pretty in Pink (1986)
Avec un scénario signé John Hugues (scénariste et réalisateur de Breakfast Club, Sixteen Candles…), Pretty in Pink prend place dans un lycée où les élèves sont divisé·es : d’un côté, les riches avec un gros capital financier, une appétence pour la fête en non-mixité sociale et une empathie peu développée. De l’autre, les élèves issu·es de familles pauvres ou moyennes, parfois amputées d’un parent, et aux amitiés semblerait-il moins superficielles. Amatrice de couture et de rock, Andie fait la paire avec Duckie, et tombe amoureuse d’un des bourges du bahut. Un film qui mérite d’être vu, au moins pour Jon Cryer (Duckie) qui livre l’une des plus vibrantes scènes de lipsync.
How to Have Sex (2023)
Plutôt que de véhiculer une vision romantique, lisse et patriarcale des amours adolescentes, la réalisatrice Molly Manning Walker adopte un angle réaliste pour dénoncer la culture du viol et les violences sexistes et sexuelles dont sont souvent victimes les femmes au début de leur sexualité. How to Have Sex suit trois adolescentes britanniques en spring break, où l’alcool, le climat festif et les garçons amusent… avant de marquer les corps à jamais.
Twilight (2008)
Ne pas citer Bella Swan et Edward Cullen dans cette liste serait hypocrite de ma part tant ils m’ont fascinée dans mes années collège. Le vampire végé à la plastique parfaite et pailletée suscitait mon admiration, et la maladresse et les insécurités du personnage féminin aidaient sans doute à m’identifier à l’agneau de cette love story impossible qui respire l’hémoglobine. L’atmosphère froide et bleutée, les musiques et les lieux participent au charme de ce premier chapitre. C’est clairement moins valable pour la suite des films, qui perdent de leur force en même temps que le budget grossit.
Kids (1995)
Âmes en quête de légèreté et de gaieté s’abstenir, ce n’est pas le genre de Larry Clarke. Ici les ados, paumé·es et insouciant·es, passent leur temps à se droguer, baiser et parler cul. Le film suit d’un côté Telly dans les rues de New York, qui se livre à une dérangeante chasse aux vierges (et peu importe qu’elles n’aient que 12 ans) ; et de l’autre Jenny, l’une de ses conquêtes, qui apprend qu’elle est séropositive suite à cet unique rapport. Une quête parallèle débute : celle de Jenny qui veut empêcher Telly de contaminer d’autres filles. C’est aussi le premier rôle de Chloë Sevigny et celui qui la révélera à d’autres réalisateur·ices avant qu’elle n’acquiert son statut de it-girl.
LOL (2008)
La réalisatrice Lisa Azuelos s’empare du genre très US du teen movie pour nous en servir une version française où la famille prend plus de place : alors qu’on n’a l’habitude de peu voir les parents, voire même de supposer leur présence, LOL se centre sur une relation mère-fille presque amicale et sur la façon dont les deux traversent l’adolescence de Lola. Un film doudou qui intègre tous les clichés du genre : la mean girl, les premiers spliff et l’entrée dans la sexualité, ou encore Jérémy Kapone en genre de BB Brunes qui joue de la gratte.
The Craft (1996)
Grandir avec Charmed et Buffy contre les vampires laisse forcément des traces, comme l’envie profonde de me découvrir un jour des pouvoirs magiques ou un attrait pour les cimetières. Difficile donc de ne pas inclure The Craft où Sarah, fraîchement débarquée à Los Angeles, est l’heureuse élue de trois sorcières qui attendaient leur quatrième membre pour exprimer leur plein potentiel. Une alliance qui commence bien et tourne (un peu trop) mal, mais qui a le mérite de nous embarquer dans l’esthétique de la sorcellerie, chargée, douce et confortable. On retrouve The Smiths dans la bande originale, avant que le même morceau ne soit édité et utilisé pour… le générique de Charmed.
Bonus : Adolescentes (2019)
C’est un documentaire et non pas une fiction, mais Adolescentes de Sébastien Lifshitz mérite largement sa place dans cette liste. Le réalisateur et scénariste français y suit Anaïs et Emma, deux meilleures amies issues de milieux sociaux différents. De la cour du collège de Brive, en Corrèze, à leur majorité, le documentaire raconte cinq années de leur vie : l’avancée dans la scolarité, une série de premières fois, l’évolution de leur amitié et des projections futures.