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10 incroyables génériques de séries qu’il est interdit de zapper
Un mauvais générique, c’est le pédiluve d’une série télé : on est souvent tenté de sauter par-dessus afin de plonger directement dans le grand bain des intrigues à tiroirs. Mais certains d’entre eux sont injustement zappés. Véritables bijoux d’inventivité, ils méritent qu’on leur rende hommage. Ces pépites ont d’ailleurs un nom outre-atlantique : les “no-skippers” (“interdit de passer”). On a donc sélectionné pour vous dix de ces excellentes intros, qui brillent autant par leurs qualités esthétiques que par leur musique entêtante et leur habileté à vous mettre instantanément dans l’ambiance.
True Blood : le plus sudiste
De la touffeur poisseuse des marécages aux fondamentalistes religieux : pas de doute, vous êtes bien en Louisiane. Ajoutez à cela la voix suave du chanteur country Jace Everett vous poussant au péché, les danses lascives des strip-clubs miteux, la violence ségrégationniste de la Bible Bet et un redneck goguenard : vous obtenez un cocktail aussi trouble que dérangeant. Comme une invitation à vous embourber dans le bayou et à vous laisser gagner par la fièvre des marais.
Game of Thrones : le plus “partie de Risks”
Une entrée en matière qui fait résonner les tambours de guerre et appelle les spectateurs à se mettre en ordre de bataille. Un thème musical sombre et virtuose au violoncelle, qui rappelle les traîtrises et les complots de protagonistes passant l’essentiel de leur vie à intriguer dans des jardins. Une carte que l’on arpente, et qui dévoile au fil de ses sinuosités la topographie d’Essos et Westeros, en même temps qu’elle remémore les événements marquants – et sanglants – qui ont jalonné leur histoire. L’intro de GoT est une magnifique fresque en mouvement.
Dexter : le moins vegan-friendly
Un petit chef-d’œuvre composé d’une succession de plans aussi serrés qu’un garrot. Un rasage minutieux, de la pulpe pressée, la découpe d’une tranche épaisse de bacon et un morceau de fil dentaire qui évoquent aussi bien la morning-routine d’un américain moyen que les instincts prédateurs et la soif d’hémoglobine qui habitent le personnage de Dexter Morgan. Un monument télévisuel qui rattrape à lui tout seul la fin bâclée de la série.
X-Files : le plus complotiste
Classique parmi les classiques : l’intro d’X-Files a marqué les années 90 et traumatisé un bon paquet de gamins. Avec son sifflement inquiétant, sa boucle en écho au clavier, comme un rappel terrifiant des profondeurs insondables de l’univers et la mort qui nous guette à chaque instant, sa succession d’images distordues et interlopes : le générique résonne comme un mauvais trip sous acide, dont on craint de ne pas sortir indemne….
(Alternative : The Twilight Zone)
Twin Peaks : l’inclassable
Encore un chef-d’œuvre dont il est difficile de se lasser. L’inertie d’une petite ville imaginaire de l’Etat de Washington, perdue au milieu des montagnes et d’interminables forêts. D’immenses cheminées crachotantes, dont les nuages de fumée suggèrent aussi bien le rayonnement industriel de la bourgade, que l’épais brouillard qui enveloppe la mort de Laura Palmer. Et un sinistre panneau de bienvenue qui semble vous inviter à la prudence : l’intro de Twin Peaks, c’est l’art de fasciner le téléspectateur avec une scie circulaire de laquelle semble jaillir des étincelles de génie. Ajoutez-y la maestria du regretté compositeur Angelo Badalamenti, qui offre à ces longs plans fixes un thème musical extraordinaire, et vous obtenez un époustouflant prélude. L’amorce d’une lente descente aux enfers dans le ventre de l’Amérique profonde, qui se repaît autant de tartes à la cerise que de faits divers.
The White Lotus saison 2 : celui qui met tout le monde d’accord
Avec une entrée en matière grandiloquente qui s’amuse à superposer du chant lyrique et des tableaux évoquant la puissance du monde antique et la splendeur des palais romains, le générique de la série HBO nous montre la grandeur avant la décadence. Ce n’est que lorsque le tempo s’accélère et que les notes se font de plus en plus dissonantes que les masques tombent et qu’on entrevoit la souillure derrière les sculptures immaculées. Entre la ville qui brûle au loin, réminiscence manifeste de Sodome et Gomorrhe, les colonnes effondrées comme autant de symboles phalliques qui n’arriveraient plus à retrouver leur vigueur d’antan et les petits personnages qui se vautrent dans la concupiscence : tout dans ce générique annonce le déclin d’une civilisation, vouée à se noyer dans sa propre fange. Ironie du sort pour un générique en forme de présage funeste qui dénonce le nombrilisme et l”excès : le morceau est devenu un carton sur TikTok.
Yellowjackets : celui qui donne envie d’écouter Nirvana
Encensée par Pitchfork, le très pointu magazine américain spécialisé dans la musique indépendante, l’intro de cette série Showtime aux relents cannibales encapsule la substantifique moelle des années 90. A savoir l’american way of life, passée à la moulinette des espoirs déçus et des angoisses d’une génération d’ados aux jeans troués. Avec ses guitares saturées et ses images de bande VHS qui saute, entremêlant tous les poncifs de la jeunesse américaine (des blousons brodés aux couleurs du lycée, aux premières cuites dans des gobelets rouges) à d’énigmatiques scènes de cérémonies rituelles : le générique de ce survival horror suinte davantage l’épouvante d’un Projet Blair Witch, que la nostalgie sirupeuse d’une Amérique prospère.
Les Sopranos : celui qui n’aurait pas survécu à la loi Evin
Alors que New-York s’éloigne dans le rétroviseur, le paysage défile, égrenant ses portions de routes bitumées et la monotonie de ses villes périphériques. Dans l’habitacle enfumé d’une voiture, Tony Soprano conduit d’une main et de l’autre, il tire frénétiquement sur son cigare. On franchit finalement le portail de sa maison cossue du New Jersey comme on s’apprête à entrer dans l’intimité d’un parrain de la mafia : sans esbroufe mais avec une curiosité insatiable.
Six Feet Under : le plus délicieusement morbide
En superposant une succession d’images évoquant la décrépitude et le pourrissement (fleurs qui fanent en time-laps, cadavres rigides que l’on prépare pour l’embaumement et envol funèbre d’un corbeau) avec une rengaine joyeuse qu’on imagine plutôt accompagner le quotidien d’un livreur de lait commençant sa tournée, l’intro de Six Feet Under résume la quintessence de la série en quelques notes : la mort fait partie intégrante de la vie humaine.
Une Nounou d’Enfer : la Madeleine de Proust
Bon, ok, celui-ci ne brille ni pas particulièrement par ses qualités esthétiques, ni par son originalité. Mais que celui ou celle qui n’a jamais fredonné la musique d’intro nous jette le premier cache-cœur léopard…